Brouille diplomatique entre Paris et Ouagadougou

Luc Hallade, ambassadeur de France au Burkina Faso, lors d'une conférence de presse, à Ouagadougou, le 21 juillet 2022. Luc Hallade, ambassadeur de France au Burkina Faso, lors d'une conférence de presse, à Ouagadougou, le 21 juillet 2022.

Qualifiant ces propos de “discourtois” et “inamicaux”, le Gouvernement burkinabè dit “protester vigoureusement”.

Au Burkina Faso, des propos de l’ambassadeur de France, Luc Hallade, fâchent et créent la polémique à tel point que certaines organisations de la société civile et des acteurs politiques exigent son départ.

Même s’ils datent du 5 juillet, les propos de l’ambassadeur Luc Hallade activent passion et colère au Faso, près de trois semaines après les faits. A l’époque, le diplomate faisait un compte-rendu devant des sénateurs en France.

Il a affirmé, selon la correspondance du ministère burkinabè des Affaires étrangères qui lui a été adressée, que “l’absence de résultats provoque des frustrations de plus en plus fortes dans le pays et que ce conflit endogène est, en réalité, une guerre civile : une partie de la population se rebelle contre l’État et cherche à le renverser”.

Quelques jours après, lors de la commémoration de la fête nationale française à Ouagadougou, le diplomate s’en est encore pris à certains internautes qu’il a qualifiés d’“idiots” qui accusent sans preuves son pays engagé dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

C’était la goutte d’eau de trop.

“Il se croit sur un terrain conquis et acquis, c’est ce que nous dénonçons aujourd’hui. Nous voulons une relecture des accords de partenariats avec la France”, a déclaré Monique Yeli Kam, candidate à l’élection présidentielle de 2020.

“Ce sont des propos insultants à la conscience de la jeunesse burkinabè”, a renchéri Lassina Sawadogo, Coordonnateur du Front de défense pour la patrie, une organisation de la société civile. “Si les autorités peuvent accepter ses excuses, mais chez nous, moi je ne pardonnerai jamais ces insultes”, a-t-il ajouté.

La sortie de l’ambassadeur de France est maladroite et est une violation flagrante des principes élémentaires dans les relations diplomatiques, selon Paul Oumarou Koalaga, spécialiste en relations internationales.

“En tant que première personnalité de la France au Burkina Faso, il aurait pu se départir de son opinion personnelle sur la question pour faire prévaloir le degré ou le niveau de coopération entre les deux Etats qui privilégie des relations amicales empreintes de courtoisie”, a-t-il indiqué.

Convoqué à Ouagadougou

Le diplomate français a été convoqué au ministère des Affaires étrangères, où il lui a été “signifié clairement” que ses propos sont inacceptables.

L’ambassadeur Luc Hallade s’est défendu, jeudi à Ouagadougou. Il a affirmé défier quiconque de trouver dans son discours, cette fois-ci, du 14 juillet dernier, la moindre trace d’insulte à l’égard des Burkinabè.

VOA Afrique