La Russie a averti, jeudi, que si la société de défense allemande Rheinmetall Group construisait une usine d’armement en Ukraine, Moscou y verrait une “cible légitime”.
“Une telle usine, si elle est construite, deviendra, avec tout autre édifice du complexe de défense de l’Ukraine, une cible légitime pour les forces armées de la Fédération de Russie (…) Et, une fois de plus, dans le cas où ces plans sont réels, il s’agit bien sûr d’une provocation”, a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, lors d’un point de presse à Moscou.
Le 9 février, le directeur de Rheinmetall, Armin Papperger, a déclaré au quotidien allemand Handelsblatt que l’entreprise serait “prête à installer une usine en Ukraine pour assembler les (chars) Panther, une fois la guerre terminée”, à condition que le gouvernement allemand approuve les licences d’exportation nécessaires.
Zakharova a également critiqué les déclarations du Secrétaire britannique à la défense, Ben Wallace, qui a affirmé que l’Ukraine était devenue “un laboratoire pour les technologies de guerre”, ajoutant que Londres considérait les Ukrainiens comme des “sujets de test de laboratoire, tantôt des souris, tantôt des lapins”.
“Les Anglo-Saxons jouent un rôle de catalyseur de la crise ukrainienne, ils contribuent à l’escalade de cette crise. Ils ne se laisseront arrêter ni par la mort de civils, ni par les pertes énormes des forces armées de l’Ukraine. Il est facile pour les généraux américains et britanniques de se battre maintenant, puisqu’ils sacrifient des étrangers”, a-t-elle déclaré.
Elle a également critiqué la décision “irréfléchie” de l’UE de créer un fonds pour soutenir l’approvisionnement des troupes ukrainiennes, affirmant que cela signifierait un investissement supplémentaire pour prolonger les combats en Ukraine.
** L’accord céréalier s’est transformé en une sorte de supercherie
Maria Zakharova a annoncé que la délégation russe avait terminé son travail au centre de coordination conjoint d’Istanbul, qui a mis en œuvre l’accord céréalier, et qu’elle avait quitté les lieux.
Elle a également critiqué les médias et les déclarations publiques accusant la Russie d’être à l’origine de la crise alimentaire, rappelant qu’il y a un an, l’accord céréalier de la mer Noire avait été conclu dans un climat d'”hystérie mondiale” dans les médias sur le fait que le monde était au bord de la famine, en particulier dans les pays les plus pauvres.
“Une année s’est écoulée. Les médias occidentaux ont-ils remarqué des incohérences entre les objectifs déclarés et la manière dont ils ont été mis en œuvre ?”, a-t-elle interrogé.
La porte-parole a ajouté que l’accord céréalier “s’est transformé en une sorte de supercherie, et qu’il ne restait plus rien des objectifs humanitaires déclarés”.
Selon elle, “les médias occidentaux ont été instrumentalisés par les élites financières, politiques et économiques de l’Occident pour faire aboutir cet accord qui, par essence, avait un arrière-plan exclusivement commercial”.
La porte-parole de la diplomatie russe a souligné que les médias étrangers passent sous silence le fait que les pays les plus pauvres n’ont reçu que 3 % de l’ensemble des livraisons prévues par l’accord, ainsi que les informations qui font état de l’interdiction des importations de denrées alimentaires ukrainiennes par certains pays européens, parce qu’elles détruisaient l’économie des agriculteurs locaux.
En outre, le corridor maritime a été utilisé par l’Ukraine pour attaquer la flotte russe de la mer Noire, tandis que le volet russe de l’accord n’a pas été mis en œuvre, a-t-elle souligné, faisant remarquer que tout le monde a “oublié” l’explosion du pipeline d’ammoniac Tolyatti-Odesa en Ukraine, alors que, selon elle, ce pipeline “couvrait les besoins de 45 millions de personnes”.
** La mission de l’OTSC contribuerait à la stabilisation de la zone frontalière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan
Interrogée sur le rôle de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) au Karabagh, Zakharova a déclaré que la région ne faisait pas partie de sa zone de responsabilité.
Toutefois, le déploiement d’une mission de l’organisation en Arménie contribuerait de manière significative à la stabilisation de la situation dans la zone frontalière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, a-t-elle ajouté.
La porte-parole de la diplomatie russe a estimé qu’une réunion trilatérale des ministres des affaires étrangères arménien, azerbaïdjanais et russe à Moscou était “très probable”, précisant que de tels contacts étaient en cours d’élaboration.
“Il me semble que les chances sont très bonnes”, a-t-elle déclaré.
À l’automne 2020, au terme de 44 jours d’affrontements, l’Azerbaïdjan a libéré plusieurs villes, villages et localités du Karabagh de l’occupation arménienne. La guerre s’est soldée par un accord de paix conclu sous l’égide de la Russie.
Malgré les pourparlers en cours en vue d’un accord scellant définitivement la paix, les tensions entre les pays voisins se sont aggravées ces derniers mois au sujet du corridor de Lachin, seule voie terrestre reliant l’Arménie au Karabagh.
Anadolu Agency