Les Etats-Unis ont dit jeudi qu’ils restaient prêts à assurer une médiation au Soudan mais à condition que les deux camps en conflit soient “sérieux” au sujet d’une trêve, après le retrait de l’armée des pourparlers.
L’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, a bombardé mercredi à l’artillerie lourde les bases des Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohamed Hamdane Daglo, dans le sud et le nord de la capitale, ont indiqué des habitants à l’AFP.
La guerre, qui entame son 48e jour, a déjà fait plus de 1.800 morts selon l’ONG ACLED et provoqué le déplacement de plus d’un million de personnes, principalement des Soudanais mais aussi des réfugiés au Soudan.
Et la situation devient chaque jour plus critique: le pays est au bord de la famine selon l’ONU et la saison des pluies approche avec le risque d’épidémies.
Mercredi, l’armée a annoncé avoir “suspendu les négociations” qui se tenaient depuis près d’un mois à Jeddah, en Arabie saoudite, pour un cessez-le-feu censé ouvrir des passages aux civils et à l’aide humanitaire.
“Graves violations”
Elle a pris cette décision “parce que les rebelles n’ont jamais appliqué un des points de l’accord de trêve temporaire qui prévoit leur retrait des hôpitaux et des maisons”, a expliqué à l’AFP un responsable gouvernemental soudanais.
Les Etats-Unis, qui supervisent ces négociations avec l’Arabie saoudite, ont accusé jeudi les deux camps de “graves violations”, affirmant cependant être prêts à reprendre leurs efforts pour parvenir à une trêve.
“Une fois que les forces auront montré clairement par leurs actions qu’elles veulent sérieusement respecter le cessez-le-feu, les Etats-Unis et le royaume d’Arabie saoudite sont prêts à reprendre la facilitation des discussions (…) pour trouver une solution négociée à ce conflit”, a déclaré un porte-parole du département d’Etat américain lors du déplacement du secrétaire d’Etat Antony Blinken à Oslo.
Hôpitaux hors d’usage
Toujours aucun couloir n’a été dégagé pour permettre le passage de l’aide humanitaire, dont ont désormais besoin 25 des 45 millions de Soudanais selon l’ONU. Les rares cargaisons qui ont pu être acheminées ne couvrent pas les immenses besoins.
Déjà avant la guerre, un Soudanais sur trois souffrait de la faim, les longues coupures d’électricité étaient quotidiennes et le système de santé au bord de l’écroulement.
A Khartoum, de nombreux habitants racontent avoir été chassés de leur maison par des membres des FSR. Ou avoir appris, après avoir fui, que des paramilitaires s’y étaient installés.
Les combats sont les plus violents au Darfour, frontalier du Tchad, dont certaines zones sont totalement coupées du monde, sans électricité ni téléphone.
Là, de nouveaux appels à armer les civils font redouter une “guerre civile totale”, selon le bloc civil évincé du pouvoir par le du putsch de 2021 des deux généraux alors alliés.
Depuis le début de la guerre, le syndicat des médecins dénonce l’occupation de plusieurs hôpitaux par des belligérants. Les trois-quarts des hôpitaux dans les zones de combat sont hors d’usage, les autres doivent composer avec des réserves quasiment vides et des générateurs à l’arrêt faute de carburant.
Mercredi, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a réitéré son soutien à l’émissaire de l’ONU au Soudan Volker Perthes, dont le limogeage a été réclamé par le chef de l’armée soudanaise.
Le secrétaire général de l’ONU a dit qu’il appartenait “au Conseil de sécurité de décider s’il soutient la poursuite de la mission (d’assistance) pour une nouvelle période ou s’il décide qu’il est temps d’y mettre fin”.
Source : Africa News