Le Front de salut national tunisien, d’opposition, a déclaré ce mardi que les autorités sécuritaires l’avaient empêché de tenir une conférence de presse, pour interagir avec les récents événements dans le pays.
C’est ce qui ressort des déclarations faites à Anadolu par l’un des leaders du front, Abdellatif Mekki, secrétaire général du parti tunisien Travail et réalisation, quelques heures après l’arrestation du chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, par les autorités sécuritaires.
Le Front de salut national a été créé le 31 mai 2022, et réunit 6 partis, à savoir Ennahdha, Au cœur de la Tunisie, la Coalition al-Karama (Dignité), le Harak Tounes Al Irada, le parti Al Amal, le parti Action et l’Accomplissement, en plus de la campagne Citoyens Contre le coup d’État.
Le mouvement Ennahdha a annoncé dans la soirée du lundi qu'”un groupe de policiers a perquisitionné la maison de son président, Rached Ghannouchi, et l’a emmené vers une destination inconnue, sans respecter les procédures légales les plus élémentaires”.
Abdellatif Mekki a expliqué que “Suite à l’arrestation de Ghannouchi, nous avons décidé de tenir une conférence de presse au matin de ce mardi, pour interagir avec les récents événements dans le pays, mais nous avons été empêchés de faire cela, et nous avons été surpris par une présence sécuritaire intense devant les locaux du Front”.
“Nous avons appris que le ministère de l’Intérieur avait pris une décision fondée sur l’état d’urgence pour empêcher les dirigeants du Mouvement Ennahdha et du Front de salut national de se réunir dans tout le pays”, a ajouté le leader politique.
Mekki a souligné qu’ils “ont appris par le biais du Front de salut qu’hier, les dirigeants du mouvement, Mohamed Goumani et Belgacem Hassan, ont également été arrêtés”.
Jusqu’à 11 h 55 (GMT), les autorités tunisiennes n’avaient encore émis aucun commentaire concernant les déclarations d’Abdellatif Mekki.
Plus tôt dans la journée du mardi, le mouvement Ennahdha a rapporté que les forces de l’ordre avaient évacué son siège central dans la capitale Tunis, pour effectuer une perquisition, là encore, les autorités n’ont émis aucun commentaire.
Depuis le 11 février dernier, les autorités tunisiennes ont mené une campagne d’arrestations à l’encontre de leaders de partis, de juges, d’un homme d’affaires, d’un avocat et d’un activiste. Le président tunisien Kaïs Saïed dément le fondement politique de ces arrestations et accuse certaines des personnes arrêtées de “conspirer contre la sécurité de l’État et d’être à l’origine des crises de la distribution des marchandises et des prix élevés”.
Saïed a souligné à plusieurs reprises l’indépendance des autorités judiciaires, mais l’opposition l’accuse d’utiliser la justice pour persécuter ceux qui s’opposent aux mesures d’exception imposées le 25 juillet 2021, un événement déclencheur d’une crise politique majeure dans le pays.
Anadolu Agency