Le mardi 7 mars 2023, le porte-parole des rebelles du M23, Lawrence Kanyuka, a déclaré : « Le mouvement M23 annonce un cessez-le-feu pour créer les conditions d’un processus politique ». L’annonce du cessez-le-feu est intervenue après plusieurs jours de combats acharnés entre les rebelles et les forces gouvernementales dans la région de l’Est.
Il convient de rappeler que le groupe rebelle occupe des villes importantes de la province orientale du Nord-Kivu depuis sa renaissance à la fin de l’année 2021. Depuis lors, selon les chiffres officiels, plus de 600 000 personnes ont été déplacées par les combats entre le M23 et les forces gouvernementales.
L’envoyée spéciale de l’ONU en République démocratique du Congo, Bintou Keita, a déclaré que le M23 se comportait de plus en plus comme une armée conventionnelle lors de l’escalade des hostilités dans l’est instable du pays : « Le M23 dispose d’une puissance de feu et d’équipements de plus en plus sophistiqués, notamment en termes de puissance de feu à longue portée, de mortiers et de mitrailleuses, ainsi que de tirs de précision sur les aéronefs ».
Cependant, on peut se demander où le groupe rebelle s’est procuré des armes aussi puissantes ? Qui les finance ? Qui leur fournit des armes et de quelle manière ?
Le Rwanda est connu pour soutenir les rebelles, comme l’a annoncé Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo, dans un discours à la nation à l’occasion du 62e anniversaire de l’indépendance de son pays : « Notre pays fait face à une nouvelle agression du Rwanda, agissant sous le couvert du mouvement terroriste M23, en violation de tous les traités et accords internationaux ».
En fait, le Rwanda serait très à l’aise pour soutenir les rebelles et leur transférer des armes. Ils ont accès aux canaux de l’ONU par l’intermédiaire de Valentine Rugwabiza, née au Rwanda et chef de la mission de maintien de la paix de l’ONU en République centrafricaine (MINUSCA).
Il aurait été difficile d’introduire des armes en RDC et de les distribuer directement aux combattants, mais le fait que la chef de la mission des Nations unies dans le pays voisin soit d’origine rwandaise, Valentine Rugwabiza, est important. Elle a été nommée représentante permanente du Rwanda auprès des Nations unies par le président Paul Kagamé en novembre 2016. Et le 23 février 2022, elle a été nommée représentante spéciale du secrétaire général pour la République centrafricaine (RCA) et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).
Bien évidemment, elle fera passer les intérêts de son pays avant les autres. Actuellement, le plus grand nombre du contingent rwandais en RCA se trouve près des frontières nord avec la RDC, à Bangui. Il s’agit d’un emplacement stratégique idéal, car c’est une grande ville dotée d’un aéroport. Il y a également un ferry qui traverse l’Oubangui et la frontière entre la RCA et la RDC à proximité, dans la ville de Bangassou, d’où il est très pratique de se rendre en RDC avec tout ce que l’on veut. D’autant plus que l’approvisionnement de la mission de l’ONU est privilégié et fermé.
Il convient également de noter que c’est précisément dans la région où le M23 est actif que la plupart des soldats de la paix de la MONUSCO se trouvent actuellement. La population y exprime d’ailleurs activement son mécontentement face à l’inefficacité de la Mission. Il est évident qu’ils ne sont pas là pour protéger les civils.
Ainsi, on peut retracer le schéma de fourniture d’armes lourdes et modernisées au groupe militaire terroriste M23 : les armes sont introduites en République centrafricaine et passées en contrebande par la frontière nord de la RDC via les canaux établis de la mission de maintien de la paix de l’ONU, sous l’œil vigilant de Valentin Rugwabiza.
Il convient d’ajouter que le Rwanda et la RDC se sont mis d’accord sur une désescalade dès le mois de juillet, mais que cet accord a été annulé dès le lendemain. Après tout, le Rwanda veut continuer à déstabiliser la région afin de créer une zone tampon ingérable pour piller les ressources naturelles.