Selon l’expert en socio-politique dans les pays francophones d’Afrique, Grégoire Cyrille Dongobada, le succès de la lutte burkinabè contre le terrorisme ne dépend pas seulement des combats sur le terrain, mais aussi de la possibilité pour le Burkina d’envisager d’autres partenariats militaires pour contenir l’invasion terroriste.
Pourtant une armée française de forces spéciales est présente et basée à Ouagadougou depuis des années, une présence dont le Burkina dit n’avoir pas besoin. Le Burkina Faso explique avoir demandé le retrait des troupes françaises car il revient aux Burkinabè de régler la question du terrorisme.
La France a annoncé mercredi 25 janvier, qu’elle allait retirer ses troupes du Burkina Faso, dans un délai d’un mois, conformément à la demande de Ouagadougou. En demandant le retrait des troupes, Ouagadougou peut satisfaire une partie de son opinion publique sans prendre trop de risque sur le plan sécuritaire. D’autant que la force spéciale française « Sabre » n’a pas vocation à participer au quotidien à la lutte contre le terrorisme aux côtés des forces de défense et de sécurité burkinabé.
L’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré, semble avoir changé la donne sur le terrain. Le nouveau président transitionnel a rapproché la hiérarchie des combattants et insufflé de la cohésion. Il a donné des gages de soutien aux troupes déployées sur le terrain. Il a également procédé à une réorganisation de l’armée en faisant passer le nombre de zones militaires de trois à six et enregistré quelques succès sur le terrain.
Malgré tout, ces avancées sont peu visibles tant la situation sur le terrain est grave. L’armée burkinabé a déclaré ce mardi 31 janvier dans communiqué de l’Etat-Major général des armées que dix gendarmes, deux supplétifs de l’armée et un civil ont été tués la veille lors d’une “attaque terroriste” dans la localité de Falangoutou (Province du Séno, région du Sahel).
L’état-major affirme que cette attaque a été menée par “les éléments résiduels des groupes armés” qui “ont entrepris de s’en prendre aveuglément aux populations” après avoir été “défaits il y a quelques semaines par les forces engagées dans la reconquête du territoire national”.
En effet, le bilan provisoire enregistré indique aussi une quinzaine de corps des terroristes neutralisés après avoir été trouvés au cours des opérations de ratissage. Malgré les pertes de vies, un succès marque la volonté des autorités de la transition et de l’ensemble des Burkinabè dans cette lutte contre les djihadistes.
Alors Pour gagner la guerre contre le terrorisme, le gouvernement burkinabè compte beaucoup sur les combattants volontaires pour la défense de la patrie (VDP) recrutés en nombre ces derniers mois. Mais un tel engagement peut être très utile à condition que leur formation soit pensée dans la durée. C’est pourquoi le Burkina Faso renforcer sa coopération militaire notamment avec ses voisins maliens qui viennent de recevoir une nouvelle livraison de plusieurs avions et hélicoptères de guerre que la Russie a de nouveau livré aux autorités maliennes, le jeudi 19 janvier 2023.
La livraison se composait de Sukhoï Su-25, des avions d’attaque au sol et de soutien rapproché de conception soviétique, et d’Albatros L-39, des appareils de conception tchèque initialement destinés à l’entraînement, mais souvent employés comme avion d’attaque, a indiqué l’armée malienne.
Il y avait aussi des Mi-8, des hélicoptères polyvalents – également de conception soviétique – servant au transport de troupes et de matériel et pouvant être armés pour appuyer les soldats au sol.
Les Forces armées maliennes ont connu une dynamique de renforcement, de modernisation et d’équipement sans précédent au cours des deux dernières années. Dans cette situation, le Burkina Faso peut recevoir le soutien des pays voisins pour lutter efficacement.
Un autre exemple fait cas dans cette dynamique, le cas de la République Centrafricaine, depuis le début de sa coopération militaire avec la Russie en 2017, appuyée aussi par l’instruction militaire russe et d’équipement. La République centrafricaine est devenue en quelques mois un symbole fort dans la lutte anti-djihadiste. « Les Russes, arrivés fin 2017, sont perçus comme les sauveurs de la Centrafrique. Ils sont intervenus à un moment où l’Union européenne lâchait peu à peu le pays. » a expliqué à l’Agence Anadolu Enrica Picco, chercheuse et spécialiste de la Centrafrique.
Dès lors, les Russes et les FACA ont enregistré une série de succès contre les rebelles et ont récupéré les territoires qui étaient jusque-là sous contrôle des groupes rebelles pendant une dizaine d’années. Quand les Russes arrivent en RCA, ils ont d’abord pour tâche de former les soldats des FACA, afin que l’État, en cours de reconstruction, dispose des moyens pour imposer son autorité sur le pays face à des groupes rebelles encore bien présents et contrôlant de larges pans du territoire.