Mise à contribution par l’Europe pour des livraisons de gaz supplémentaires, l’Algérie entend fixer ses conditions. Le pays est en position de force en cette période de crise énergétique.
Alors que l’Europe lui fait la danse du ventre pour obtenir des rallonges sur les livraisons de gaz, l’Algérie joue sa carte. Le pays des fennecs veut bien exporter plus, mais à des prix conformes à ceux du marché. La Sonatrach veut aussi que les Vingt-Sept s’engagent sur des contrats à long terme, comme l’a déclaré son président, Toufik Hakkar, au média Middle East Economic Survey.
« Si Sonatrach comprend que la sécurité et la diversification de l’approvisionnement sont des problèmes clés pour les pays européens, ceux-ci doivent également s’engager dans des accords d’achat à long terme afin de garantir la sécurité de la demande […] Comme vous le savez, l’industrie du gaz est très capitalistique », a développé le patron du géant gazier algérien.
Si l’Algérie souhaite augmenter ses exportations à 100 milliards de mètres cubes en 2023, soit le double des volumes actuels, le pays compte aussi sur des investissements étrangers pour l’aider à accroître sa production. En juin dernier, le ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab, avait ainsi invité les Européens à ne pas « changer de cap » sur cette question des investissements.
Champion de l’énergie
Sevrée des hydrocarbures russes, l’Europe s’est tournée vers l’Algérie pour tenter de compenser ses manques, notamment en gaz. Mi-juillet, l’Italie était ainsi parvenue à arracher une rallonge de 9 milliards de m3 supplémentaires, à livrer entre novembre 2022 et début 2024.
Mais Alger fait feu de tout bois et veut aussi s’imposer comme un fournisseur d’électricité. Le président Abdelmadjid Tebboune a même lancé l’idée d’un câble sous-marin pour relier l’Algérie à l’Europe et ainsi exporter ses surplus.
Le pays pourrait même reprendre la production de charbon, rapportait récemment La Nouvelle République. Un gisement va en effet être exploité, près de Béchar, dans l’ouest du pays. Une première depuis 1962.
Certains experts doutent cependant que l’Algérie puisse totalement remplacer la Russie en matière d’hydrocarbures, et particulièrement de gaz. « Personne n’a le potentiel pour remplacer les 170 milliards de mètres cubes russes », rappelait récemment à Sputnik Mourad Preure, ancien dirigeant de la Sonatrach.
Reseau International