Les Nations unies ont dépêché une équipe d’enquêteurs dans l’Est de la République démocratique du Congo où les autorités affirment avoir dénombré plus de 270 morts à la suite d’un massacre commis dans une localité sous contrôle des rebelles du M23, a appris l’Agence Anadolu auprès d’une source onusienne et de la société civile de Kishishe.
Selon un haut responsable onusien, l’équipe du bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNDUH) appuyée par la mission des Nations unies dans le pays (MONUSCO) a dépêché des enquêteurs « pour mener une enquête préliminaire sur les violences à Kishishe », localité du territoire de Rutshuru dont la majeure partie est contrôlée par les rebelles du M23 depuis plusieurs mois.
« Nos enquêteurs sont présentement sur place. Ils interagissent avec les autorités locales et mènent des entretiens avec des témoins et des victimes », a-t-il affirmé à l’Agence Anadolu, sous couvert de l’anonymat.
Il a expliqué que « c’est sur la base de cela qu’on saura s’il y a eu effectivement massacres, si les victimes ont été enterrées dans des fosses communes ou s’il y a exagération dans différentes communications ».
Contacté par l’Agence Anadolu, Jean Robert Sengoma, du noyau de la société civile de Kishishe, a confirmé la présence d’enquêteurs « venus à bord des véhicules de la MONUSCO après négociations avec le M23 ».
« Nous sommes en train de dire ce que nous savons, ce que nous avons vécu mais ce n’est pas rassurant car beaucoup de témoins craignent des représailles. Vous vous imaginez qu’après le massacre le 28 et le 29 novembre dernier, les rebelles nous ont demandé d’enterrer nos proches dans des fosses communes », a-t-il déclaré.
Le gouvernement congolais, qui accuse l’armée rwandaise d’appuyer les rebelles en troupes et en logistique, a annoncé la mort, le 29 novembre dernier, de 272 habitants de Kishishe dont certains étaient dans une église adventiste et un hôpital.
Des enfants font également partie des victimes. Les rebelles ont démenti les faits, accusant le gouvernement de propagande sur fond de fausses informations « pour s’attirer la sympathie ».
Le gouvernement a ordonné l’ouverture d’une enquête. La ministre congolaise de la Justice, Rose Mutombo, a annoncé saisir la Cour pénale internationale pour une enquête et des poursuites.
Après des offensives majeures marquées par la prise d’importantes cités et localités du territoire de Ritshuru dans la province du Nord-Kivu en mars et novembre, les rebelles ont annoncé mardi vouloir se retirer des positions conquises. En contrepartie, ils demandent un dialogue « direct » avec Kinshasa afin de « trouver une solution durable aux causes profondes du conflit dans l’Est ».
Kinshasa accuse Kigali de soutenir le M23, ce que les autorités rwandaises démentent.
Le M23 est une ancienne rébellion défaite en 2013, mais qui a repris les armes en fin d’année dernière accusant Kinshasa de non-respect des accords de paix.
Anadolu Agency