Près d’un mois après la signature de l’accord de paix de Pretoria entre le gouvernement éthiopien et les autorités de la région du Tigré qui prévoit le retrait des « forces étrangères » hors de la province, l’armée érythréenne est toujours présente. Et selon plusieurs sources, elle se livre encore à des exactions. Pour la première fois, lundi 28 novembre, le gouvernement érythréen a réagi aux pressions internationales exigeant le départ de ses forces d’Éthiopie.
Comme à son habitude, le gouvernement érythréen n’avait jusque-là pas publiquement réagi à la signature des accords de Pretoria puis de Nairobi, ni aux demandes de retrait de son armée hors du Tigré. Mais lundi, le ministre érythréen de l’Information est enfin sorti de trois semaines de silence pour commenter un tweet du département d’État américain. Un tweet se félicitant du fait que le médiateur de l’Union africaine Olusegun Obasanjo, en visite dans le Tigré samedi, notait « qu’aucun pays ne devrait accepter la présence d’un pays étranger sur son territoire ».
« Hypocrisie ! » a aussitôt dénoncé Yemane Ghebremeskel, un proche du chef de l’État érythréen Issayas Afewerki. « Les architectures de défense entre États africains souverains ne sont pas soumises à l’approbation préalable ou au veto de puissances étrangères », a-t-il expliqué. Le sous-entendu est donc clair : la présence ou non de l’armée érythréenne en Éthiopie ne dépend que des accords entre l’Érythrée et l’Éthiopie, et de rien d’autre.
Pillages et détentions massives
Or c’est un fait qu’à ce jour, l’Éthiopie n’a pas publiquement demandé son retrait. Et entretemps, dans les territoires qu’elle occupe encore, l’armée érythréenne a été accusée de nouvelles tueries de civils ces derniers jours. L’agence Associated Press (AP), citant des témoins et des travailleurs humanitaires, a affirmé que des miliciens amharas et des soldats érythréens continuaient à « piller des biens » dans la ville de Shire, dans le centre, et « procédaient à des détentions massives » à Alamata, dans le sud de la région.
La télévision tigréenne, de son côté, a évoqué des tirs d’artillerie sur la ville d’Irob, dans le sud. Et le négociateur tigréen à Pretoria, Getachew Reda, conseiller du président de la région, a affirmé que les Érythréens avaient exécuté des dizaines de civils à May Abay, la semaine dernière.