Ex-haut fonctionnaire, Bruno Guigue est un ancien élève de l’Ecole normale supérieure (Ulm) et de l’Ecole nationale d’administration. Il est chercheur en philosophie politique, analyste politique et observateur de la vie internationale, tout en étant l’auteur de plusieurs ouvrages et de nombreux articles.
Sur le site Réseau International, l’expert a publié un article sur l’aveuglement des médias vis-à-vis de la réalité des faits concernant le conflit en Ukraine. Pour l’auteur, Moscou est, donc, en position de force.
Contrairement à ce que racontent des médias aveuglés par leur parti pris, le rapport des forces en Ukraine demeure largement favorable à la Russie:
• Les sanctions occidentales sont un échec complet. L’économie russe tient le coup, le rouble est plus fort que jamais, et les exportations d’hydrocarbures n’ont jamais autant rapporté à la Russie. Ceux qui voulaient «mettre la Russie à genoux» en sont pour leurs frais.
• La tentative d’isolement international de la Russie est un fiasco. Les poids lourds démographiques du Sud (Chine, Inde, Brésil, Indonésie, Pakistan, Iran, Turquie, Nigéria, Éthiopie, Vietnam, etc..) refusent de participer à la croisade antirusse et coopèrent plus que jamais avec Moscou sur le plan politique et économique.
• Le ratio des pertes militaires sur le terrain est de 1 à 5 au détriment des forces ukrainiennes. La Russie n’ayant aucun intérêt à précipiter le mouvement, elle a su opérer les replis tactiques nécessaires, quitte à laisser l’OTAN crier victoire. Mais cette guerre d’usure profite aux forces russes qui ont déjà commencé une nouvelle offensive dans le Donbass.
• Parfois mal comprise, la retenue de Moscou dans la conduite des opérations garantit le soutien majoritaire du peuple russe : non seulement les pertes militaires russes sont limitées, mais les pertes civiles en Ukraine comme en Russie sont relativement faibles. Principal parti d’opposition, le parti communiste russe soutient l’opération militaire spéciale.
• Les forces russes contrôlent déjà 20% du territoire ex-ukrainien et il leur manque environ 6-7% à conquérir pour achever la réalisation de l’objectif principal: la libération des quatre divisions administratives à majorité russophone. Les forces ukrainiennes s’étant retranchées dans cette zone depuis 2014, ce sera sans doute la partie la plus difficile de l’opération militaire spéciale.
• Les USA commencent à comprendre que le jusqu’au-boutisme de Kiev est contre-productif, et ce pour trois raisons:
1. Les Ukrainiens ne reprendront jamais le Donbass et la Crimée.
2. Leur armée s’épuise en offensives coûteuses en vies humaines.
3. Le financement de cette guerre par procuration commence à coûter cher, surtout dans une conjoncture qui va tourner à la récession économique mondiale.
Si le conflit s’achève par une débandade ukrainienne, l’Otan et les USA seront sur la sellette.
Observateur Continental