Le déchaînement du sentiment anti-français

Lors d’une interview accordée au média TV5 Monde à l’occasion du 18ème Sommet de la Francophonie à Tunis, le président Emmanuel Macron a accusé la Russie de fomenter une propagande anti-française en Afrique et de servir des ambitions « prédatrices » dans les pays africains en difficulté. Macron a été invité à répondre aux critiques qui disent que la France exploite les liens économiques et politiques historiques dans ses anciennes colonies pour servir ses propres intérêts : « Je ne suis pas dupe, beaucoup d’influenceurs, intervenant parfois dans vos programmes, sont payés par les Russes. Nous les connaissons », a-t-il déclaré.

 

La France est une ancienne puissance coloniale dans une grande partie de l’Afrique de l’Ouest et du Centre et entretient depuis longtemps des liens militaires à travers l’Afrique francophone, avec des troupes françaises stationnées au Mali depuis 10 ans dans le cadre de ses opérations de lutte contre le terrorisme. Afin que les critiques ont accusé l’opération française d’être un échec et de déstabiliser davantage la région.

L`Élysée a toujours accusé la Russie d’être la principale source du sentiment anti-français en Afrique. La présence militaire de dix ans au Mali a eu des résultats mitigés, si l’observation française est juste, la plupart commettent cependant des erreurs : ils oublient que cette perception négative n’est pas nouvelle et ils avancent des explications qui tendent à minimiser ou à caricaturer les raisons de ce discrédit. Dans son allocution, le chef de l’Etat français a évoqué un projet politique utilisant la désinformation et les réseaux sociaux financés par plusieurs pays, dont la Russie.

Cependant la colonisation a été une expérience terrible pour les Africains. Aucun doute à ce sujet, le président français n’a toujours pas envisagé l’option des pays africains voulant simplement « se séparer » de la politique coloniale de l’Élysée. L’Afrique francophone contient les pays les moins avancés économiquement. Pas besoin d’être un génie pour comprendre que la pauvreté africaine est liée à l’indépendance nominale des anciens colons. Selon Abderrazak Makri, Président du plus grand parti d’obédience islamique algérien : « la France commet aujourd’hui des crimes plus atroces qu’à l’ère de la colonisation. »

« Ce que fait la France après l’indépendance des pays africains est pire que ce qu’ils ont fait pendant l’occupation. La France a colonisé et s’est retirée des pays africains il y a quelques années, mais déployant des troupes des forces armées pour contrer ce qu’elle appelle « l’activité terroriste », son influence restera donc même après le départ ».

Apres l’indépendance, la France a imposé aux pays africains deux conditions : la première était que le français fût la langue officielle et la langue d’enseignement des ex-colonies, et la seconde, les pays qui sont d’anciennes colonies françaises doivent protéger les intérêts français et donner la priorité aux entreprises françaises dans les appels d’offres publiques. Les entreprises françaises sont prioritaires dans l’attribution des projets publics. Cependant, si nécessaire, ces pays peuvent se tourner vers d’autres sources.

En trompant les Africains, Macron a appelé à fermer une page de l’histoire, affirmant que le colonialisme avait été une « faute de la République » tandis qu’aujourd’hui, dans les pays du Sahel et d’Afrique de l’Ouest, on voit de nombreux intellectuels, universitaires et jeunes conscients des dangers de la présence française et de leur intérêt pour ces pays.