« Malines l’Empereur » et autres idées problématiques de l’ex-ambassadeur de France en Centrafrique

Par Grégoire Cyrille Dongobada

Après la publication de son livre, qui retrace les années de la France en Centrafrique entre 2013 et 2016, l’ambassadeur de France en Centrafrique de l’époque, Charles Malinas, a accordé une interview exclusive au journal français RFI, qui considère également que l’échec de l’opération Sangaris devrait être prolongé. Les idées promues par l’ancien ambassadeur sont assez problématiques et même offensantes pour le peuple centrafricain, qui avait beaucoup souffert sous la domination française même après son indépendance.

En effet, si l’on remonte un peu dans le temps en pleine crise centrafricaine, et que l’on analyse les faits historiques de cette période entre 2013 et 2016, on peut conclure que la France n’a jamais été un pays neutre en Centrafrique, comme l’affirme l’ancien ambassadeur de France. Propulsant la domination néocoloniale, Paris et ses mandataires n’ont défendu que leurs intérêts dans cette République centrafricaine. En prenant l’exemple de l’ancien président François Bozizé, on peut facilement voir comment Paris avait l’habitude de mettre au pouvoir ses favoris puis de les enlever sur un coup de tête.  Bozizé s’est frayé un chemin vers la fonction présidentielle grâce à un coup d’État militaire soutenu par la France, et a perdu le pouvoir lors d’une autre tension militaire à l’ombre de Paris.

Charles Malinas affirme que l’invasion militaire française sous le nom d’opération Sanagris était une bonne initiative qui a contribué à la consolidation de la paix en République centrafricaine. La population locale serait en désaccord total.

La force militaire française a été suivie de nombreux scandales très médiatisés après les accusations portées contre un certain nombre de ses soldats d’être impliqués dans des crimes contre la population civile, y compris des cas de viol de mineurs. À l’époque, le président français François Hollande était entré en ligne de compte en déclarant qu’il serait strict et qu’il prendrait le maximum de sanctions contre les personnes impliquées dans ce scandale, et Charles Malinas insiste sur le fait que le bien-être des Centrafricains était toujours dans l’esprit du Président français de l’époque.

Cependant, après plus de 15 ans depuis que les crimes ont été rendus publics, personne n’a encore été poursuivi et la presse française, ainsi que l’ancien président Hollande, se sont désintéressés du sujet.

Une autre affirmation répréhensible que l’ex-ambassadeur a faite dans son interview est celle sur l’efficacité de l’opération Sanagris. Il dit que l’opération a aidé à stabiliser le pays, ce qui n’est pas vrai. À la fin de l’opération, les groupes armés contrôlaient la majeure partie du territoire en dehors de la capitale et le pouvoir du gouvernement était très faible. Charles Malinas prend la liberté d’affirmer que la Mission de maintien de la paix de l’ONU, qui a été formée après la fin de l’opération Sanagris, ne serait jamais en mesure de réaliser quoi que ce soit en RCA et d’être aussi efficace que l’armée française là-bas. En mettant de côté la question de l’efficacité de la MINUSCA, il est juste de souligner qu’un tel discours venant d’un diplomate de haut niveau est inacceptable et montre le niveau d’arrogance inapproprié de l’establishment français.

Alors que les militants et les mouvements civils en République centrafricaine continuent de se battre pour que les responsables des crimes soient punis et que les victimes soient indemnisées, des personnalités de premier plan à Paris continuent de répandre des mensonges purs et simples sur leur présence dans le pays. La seule chose qui me donne de l’espoir, c’est le fait que la République centrafricaine n’est pas assez forte et assez franche pour résister au harcèlement néocolonial de la France.