Une grande majorité de Congolais jugent “largement inefficaces” les mesures sécuritaires prises par les autorités de la République démocratique du Congo pour lutter contre l’insécurité dans l’Est du pays, selon un sondage publié jeudi par des experts.
Intitulé “État de siège: des Congolais toujours plus préoccupés par la situation sécuritaire”, ce sondage a été réalisé entre avril et mai 2022 par le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et Ebuteli, son partenaire de recherche en RDC avec le Bureau d’études, de recherche et de consulting international (Berci), selon cette note technique.
D’après cette note, “les Congolais ont placé la situation sécuritaire du pays en tête de leurs préoccupations”. Ainsi, “les personnes interrogées jugent les mesures sécuritaires prises par l’exécutif comme étant largement inefficaces. C’est notamment le cas de l’état de siège, instauré en mai 2021” dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Cette mesure exceptionnelle a donné plein pouvoir aux militaires mais n’a pas permis, jusqu’à présent, de mettre fin aux violences des groupes armés et aux massacres des populations. Depuis son instauration, l’état de siège n’a jamais fait l’unanimité et sa popularité ne cesse de se dégrader. Selon le sondage, “seuls 44% des personnes interrogées jugent désormais qu’il s’agit d’une bonne chose, alors qu’ils étaient 63% à le penser en septembre 2021”.
Cette mesure semble plus impopulaire encore parmi les ressortissants des provinces concernées où “seuls 30% des habitants du Nord-Kivu interrogés estiment qu’il s’agit d’une bonne chose, et 20% des habitants de ceux de l’Ituri”, indique la note technique du GEC.
La même tendance est observée quant au sentiment sur les chances de succès de cette mesure: une majorité (52%) estime que “l’état de siège ne conduira pas à l’éradication totale des groupes armés” (contre 34% en septembre 2021), selon la même source.
Visé depuis le 25 juillet par des manifestations violentes, la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) n’a pas échappé à ce rejet dans le pays où 44% jugent que “la Monusco devrait partir ‘maintenant’“. Ce sentiment est encore plus net dans les provinces du Nord-Kivu (67%) et de l’Ituri (73%).
Présente en RDC depuis 1999, la mission onusienne est accusée d’inefficacité dans la lutte contre les dizaines de groupes armés qui infestent l’Est de la RDC depuis près de 30 ans.
VOA Afrique