Dans une lettre ouverte adressée au président de transition du Tchad, des membres des partis politiques et de la société civile, signataires de la déclaration du 19 mai sur les exigences de réussite du dialogue national inclusif et souverain, ont attiré son attention sur les enjeux réels dudit dialogue, annoncé pour le 20 août courant.
D’abord, la dizaine de regroupements de partis politiques et associations de la société civile qui représentent l’opposition à la transition, ont rappelé les circonstances de la mort du président Déby ouvrant la porte au dialogue, qui, disent-ils, doit « sortir le nouveau Tchad de l’abîme où l’a plongé des décennies de mauvaise gouvernance qui font de notre pays l’un des plus pauvres au monde ».
Aussi, ils ont fustigé le refus du président de transition, Mahamat Idriss Déby Itno, de modifier la charte de transition « issue du coup d’Etat », charte qui lui a donné un pouvoir absolu sur l’exécutif, le législatif et le judiciaire, malgré la demande des forces vives tchadiennes et l’exigence de l’Union africaine.
Ensuite, ils ont accusé le président de transition de ne pas ouvrir sincèrement le Comité d’organisation du dialogue national inclusif (Codni) aux forces vives qui ne partagent pas sa façon de gestion du Tchad.
« Les thématiques traitées par le Codni excluent la gestion de la transition, notamment la charte de la transition, et il est introduit des thèmes de développement sectoriel qui n’ont rien à voir avec le dialogue », ont-ils dénoncé.
Pour ces opposants du gouvernement de transition, il y a une volonté unanime de tous les Tchadiens de participer à un sincère dialogue, afin justement de discuter des questions qui ne font pas l’unanimité dans la société tchadienne.
« Mais sous l’argument d’inclusivité et d’unanimité, on élimine déjà ceux qui ne partagent pas le point de vue du président de transition, avec qui va-t-on dialoguer dans la salle ? Quel sera le sens de la souveraineté ? L’inclusivité perd tout son sens et vous vous préparez à exclure tous ceux qui exigent une bonne participation du dialogue national inclusif et souverain », se sont interrogés les signataires de la lettre ouverte.
Enfin, ils ont invité le président de transition à accepter un dialogue sincère et vraiment inclusif pour le destin du Tchad. Pour cela, ils ont demandé la mise en place d’un organe paritaire comprenant ceux qui soutiennent la politique du gouvernement de transition d’une part, et d’autre part, ceux qui ne la soutiennent pas.
« Cet organe sera chargé, dans une atmosphère apaisée, de préparer de façon inclusive, consensuelle et transparente, l’agenda du dialogue, les critères et la liste des participations au dialogue et le projet de règlement intérieur », proposent-ils.
Lors de sa rencontre avec les présidents et membres des grandes institutions du Tchad, mardi, le président de transition leur a signifié que juridiquement, rien de l’obligeait à organiser un dialogue national inclusif pendant la transition. Il a indiqué qu’il a programmé le dialogue national inclusif pour réconcilier les fils et filles du Tchad.
Il faut noter que le gouvernement tchadien de transition a annoncé la date du 20 août pour la tenue du dialogue national inclusif tant attendu, alors que les pourparlers de paix de Doha, au Qatar, n’ont pas encore abouti depuis leur lancement le 13 mars.
Ce dialogue a été promis en avril 2021 par le général Mahamat Idriss Déby Itno à la communauté internationale pour remettre le pouvoir aux civils dans un délai de 18 mois, éventuellement renouvelable une fois.
Au lendemain de la mort du président Idriss Déby Itno, tué au front contre des rebelles en avril 2021, son fils, le jeune général Mahamat Idriss Déby Itno, avait été proclamé président à la tête d’un Conseil militaire de transition de 15 généraux. Il avait aussitôt promis des élections libres et démocratiques dans un délai de 18 mois, après un « Dialogue national inclusif » avec toute l’opposition politique et tous les innombrables groupes rebelles.
Anadolu Agency