Les autorités de la République démocratique du Congo ont annoncé, lundi, la mise en vente aux investisseurs de 27 blocs pétroliers et trois gaziers, malgré les campagnes des ONG locales et internationales qui mettent en garde contre l’impact environnemental de l’exploitation.
Cette décision est intervenue cinq mois seulement après la signature d’un accord de 500 millions de dollars lors de la COP26 pour aider à protéger les forêts de la RDC avec l’Initiative pour les forêts d’Afrique centrale (CAFI). Kinshasa n’était pas satisfait de cet accord.
Avec tous ces 27 blocs, le pays compte recueillir 2000 milliards de dollars américains en termes de revenus, a déclaré à l’Agence Anadolu le ministre congolais des Hydrocarbures Didier Budimbu au lendemain de l’annonce de la mise aux enchères desdits blocs.
Certains blocs chevauchent des aires protégées comme l’es parc de Salonga dans le Nord – Ouest du pays et le parc des Virunga. Le ministre a déclaré que la RDC ne disposait pas de pétrole « pour qu’on s’en serve comme ornement, mais pour s’en servir ».
Il a rassuré que les aires protégées ne peuvent pas échapper au principe.
« Ça n’empêche qu’il y a des techniques pour pouvoir forer sans pour autant que l’écosystème puisse connaître des problèmes », a-t-il déclaré, affirmant que le gouvernement a mis en place une certaine « attractivité du point de vue fiscal et de sécurité juridique ».
Dans des lettres envoyées mardi aux compagnies pétrolières de part et d’autre dans le monde, l’Organisation britannique Greenpeace a émis l’alerte rouge contre cette vente aux enchères, selon elle, « de mauvaise augure, qui pourrait avoir lieu, au détriment de la biodiversité et du climat mondial ».
Cette vente aux enchères massive « à laquelle les communautés locales s’opposent farouchement – chevauche des tourbières riche en carbone et plusieurs zones protégées », a affirmé l’organisation dans un communiqué parvenu à l’Agence Anadolu.
« Cette vente aux enchères ne se contente pas de tourner en dérision l’image de la RDC en tant que solution à la crise climatique, elle expose les Congolais à la corruption, à la violence et à la pauvreté qui accompagnent inévitablement la malédiction du pétrole, ainsi qu’à davantage de vagues de chaleur et à moins de pluie pour tous les Africains », déclare Irène Wabiwa, chef de projet international pour la campagne sur les forêts du Bassin du Congo à Greenpeace Afrique.
« La communauté internationale et le gouvernement congolais doivent mettre fin à la ruée néocoloniale vers les combustibles fossiles africains en limitant l’accès des compagnies pétrolières à la RDC, et s’atteler plutôt à mettre fin à la pauvreté énergétique en soutenant le développement des énergies renouvelables propres et décentralisées », a ajouté Irène Wabiwa.
Cette vente aux enchères a lieu au milieu d’une nouvelle ruée mondiale vers les réserves africaines de combustibles fossiles, du gaz d’Afrique de l’Ouest, au pétrole d’Afrique de l’Est, en passant par l’importation du charbon sud-africain.
En plus du pétrole dont elle ne profite pas assez des dividendes faute d’investisseurs, la RDC compte d’importants gisements de toute sorte des minerais en commençant par l’uranium, le diamant ou encore l’or et le lithium dont elle dispose du plus grand gisement au monde.
Le RDC est, par ailleurs, le premier producteur mondial de cobalt et le premier producteur africain de cuivre.
Anadolu Agency