Les dirigeants éthiopiens et soudanais, en froid, se sont rencontrés à Nairobi

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé avoir rencontré mardi à Nairobi l’homme fort du Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhane, en marge d’un sommet de l’organisation est-africaine Igad, quelques jours après un incident frontalier entre les deux pays qu’opposent plusieurs contentieux.

“Nous avons tous deux admis que nos deux pays ont de nombreux éléments de collaboration sur lesquels travailler pacifiquement”, indique Abiy Ahmed dans un tweet sur son compte officiel, accompagné de photos montrant les deux dirigeants discutant souriants. “Nos liens communs surpassent quelconque différend. Nous nous sommes tous deux engagés au dialogue et à la résolution pacifique des questions en suspens”, ajoute-t-il.

La rencontre s’est déroulée “en marge de la réunion de l’Igad” qui réunit mardi – pour la première fois depuis 18 mois – les dirigeants des pays de la région dans la capitale kényane, selon le cabinet du Premier ministre éthiopien. A Khartoum, le Conseil souverain, autorité de transition présidée par le général Burhane a simplement fait état d’une “réunion à huis-clos” entre les deux hommes.

Fin juin, l’armée soudanaise – dirigée par le général Burhane, au pouvoir au Soudan depuis un putsch en octobre 2021 – a accusé l’armée éthiopienne d’avoir exécuté sept de ses soldats et un civil capturés en territoire soudanais, dans la zone frontalière contestée d’Al-Fashaga.

Les autorités éthiopiennes ont démenti, accusant au contraire les forces soudanaises d’avoir pénétré en territoire éthiopien et provoqué un accrochage – mortel dans les deux camps – avec une milice locale. Le ton était monté, avant que M. Abiy n’appelle son pays et le Soudan “à garder leurs nerfs”.

La zone d’Al-Fashaga est l’objet d’un contentieux depuis plusieurs décennies, mais les accrochages parfois meurtriers s’y sont multipliées depuis fin 2020, et ce nouvel épisode de tension avait suscité l’inquiétude de l’Union africaine et de l’Igad.

Cette crise frontalière s’ajoute au grave différend à propos du Gerd, le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne qu’Addis Abeba a construit sur le Nil Bleu et qui suscite la colère du Soudan, mais aussi de l’Egypte, riverains du Nil en aval qui craignent pour leur approvisionnement en eau.

L’Ethiopie doit entamer en août le troisième remplissage du barrage, une source potentielle de nouvelles tensions avec son voisin.

VOA Afrique