Le médiateur ouest-africain pour le Burkina Faso, l’ex-président nigérien Mahamadou Issoufou, entame vendredi une visite à Ouagadougou avant un sommet régional qui doit décider d’imposer ou non de nouvelles sanctions au Burkina Faso, où des militaires putschistes ont pris le pouvoir en janvier.
Lors de sa visite qui s’achèvera samedi à la veille du sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédeao) à Accra, au Ghana, M. Issoufou rencontrera notamment le chef de la junte militaire, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, selon le programme du séjour.
Au cours d’une rencontre également prévue avec le Premier ministre Albert Ouédraogo, il doit évoquer la “durée de la transition” et son calendrier, ainsi que “la situation de l’ancien Président Roch Marc Christian Kaboré” renversé par M. Damiba lors du coup d’Etat du 24 janvier et toujours en résidence surveillée, précise le programme.
M. Issoufou s’entretiendra aussi avec les membres de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), les acteurs politiques et économiques, les autorités religieuses et coutumières, le corps diplomatique et les partenaires techniques et financiers du Burkina.
La période de transition avant un retour au pouvoir des civils, a été fixée à trois ans par les autorités burkinabè, période jugée nécessaire pour tenter de juguler les attaques meurtrières des groupes jihadistes qui se multiplient au Burkina.
Selon un agenda présenté mercredi aux leaders politiques, les autorités prévoient les dates du 24 décembre 2024 pour un référendum constitutionnel et du 25 février 2025 pour la tenue d’élections législatives et présidentielle.
A l’issue d’un sommet début juin, la Cédéao, qui a suspendu le Burkina de ses instances juste après le putsch, avait exprimé son “inquiétude” à propos de la transition prévue pour trois ans, mais aussi “devant la détérioration de la situation humanitaire”.
Lors de sa première visite les 17 et 18 juin à Ouagadougou en tant que médiateur, M. Issoufou avait estimé que “40% du territoire sont hors du contrôle de l’Etat”, soulignant que “le Burkina Faso connaît aujourd’hui une crise multidimensionnelle: sécuritaire, humanitaire, politique et socio-économique”.
Les partis de l’ex-majorité du président Kaboré renversé ont dénoncé vendredi l’agenda présenté par la junte comme une “manœuvre solitaire qui contraste avec les impératifs d’une transition inclusive et réussie”, regrettant “l’absence de concertations en amont”.
Ils exigent “une concertation franche, sincère et inclusive (…) avec l’ensemble des composantes de notre nation en vue de décliner des modalités consensuelles de retour à une vie constitutionnelle normale”, a déclaré Alassane Bala Sakandé, président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, ex-parti au pouvoir).
VOA Afrique