Un lieutenant colonel de l’armée congolaise, assimilé à un Rwandais, a été brutalisé par la population et des policiers à Kisangani.
Les autorités congolaises ont décidé jeudi de combattre “la stigmatisation” et “la chasse à l’homme” en République démocratique du Congo où une rébellion à dominante tutsi, soutenue par le Rwanda, selon elles, occupe plusieurs localités de l’est, selon la télévision d’Etat, RTNC.
Lors d’une manifestation contre la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23)mercredi à Goma (Nord-Kivu, est), des violences ont visées des personnes rwandophones (hutu et tutsi) ou considérées comme tel en raison de leur d’apparence physique. Mardi à Kisangani, importante ville du nord-est, un lieutenant colonel de l’armée congolaise, rwandophone, a été brutalisé par la population et des policiers.
Le conseil supérieur de la défense a instruit le ministre de l’Intérieur et le chef de la police à prendre toutes “les dispositions requises pour éviter la stigmatisation et la chasse à l’homme” lors des manifestations contre le Rwanda et les M23, a déclaré le ministre de la Communication Patrick Muyaya.
Le Conseil supérieur de la défense présidé par le chef de l’État Félix Tshisekedi en présence de plusieurs membres du gouvernement et des chefs des services de sécurité a exigé du Rwanda “de procéder au retrait immédiat du sol congolais de ses troupes (opérant) sous couvert du groupe terroriste M23”, a ajouté le ministre Muyaya.
Le Conseil a invité le gouvernement congolais à “suspendre tous les protocoles d’accord, accords ou conventions conclus avec le Rwanda”, a encore déclaré le ministre Muyaya faisant un compte-rendu à la télévision d’Etat.
Lundi, le M23 a occupé la cité de Bunagana, un important centre commercial situé à la frontière avec l’Ouganda. Les autorités ont accusé le Rwanda d’avoir soutenu militairement ce groupe rebelle lors de cette attaque.
Rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013 par Kinshasa, le M23 a repris les armes fin 2021, en reprochant aux autorités congolaises de ne pas avoir respecté un accord pour la démobilisation et la réinsertion de ses combattants.
Les relations entre la RDC et le Rwanda sont tendues depuis l’arrivée massive dans l’est de la RDC de Hutus rwandais accusés d’avoir massacré des Tutsis lors du génocide rwandais de 1994.
Les relations ont commencé à se dégeler après l’entrée en fonction du président de la RDC, Félix Tshisekedi en 2019. Mais la résurgence du M23 et l’intensification des combats ces dernières semaines ont ravivé les tensions entre Kinshasa et Kigali.