La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a “regretté” que le gouvernement de transition malien n’ait pas attendu la fin de négociations avec elle pour fixer l’échéance d’un retour des civils au pouvoir, et souligné dans un communiqué publié mardi soir que le dialogue continuait.
Le chef du gouvernement de transition malien, le colonel Assimi Goïta, a signé lundi un décret stipulant que les militaires gouverneraient jusqu’en mars 2024 avant de rendre le pouvoir aux civils à l’issue de cette période dite de transition. Ce décret a été rendu public alors que le gouvernement de transition et la CEDEAO étaient toujours en discussion sur la durée de la transition.
La CEDEAO fait pression depuis la prise du pouvoir par les militaires en août 2020 pour un retour rapide des civils à la tête de ce pays plongé depuis 2012 dans une profonde crise sécuritaire et politique. Elle a infligé le 9 janvier au Mali de sévères mesures de rétorsion commerciales et financières pour stopper le projet des colonels qui était alors de diriger jusqu’à cinq années supplémentaires.
La CEDEAO a renvoyé samedi à un sommet prévu le 3 juillet une décision sur la levée éventuelle des sanctions, faute d’accord entre ses membres. La CEDEAO a dit mardi soir “prendre acte” du décret. “Elle regrette que cette décision ait été prise à un moment où les négociations se déroulent encore en vue de parvenir à un consensus”, a-t-elle ajouté.
Le médiateur de la CEDEAO, le Nigérian Goodluck Jonathan, “poursuivra les échanges avec les autorités du Mali en vue de parvenir à un chronogramme (calendrier) mutuellement acceptable“, a-t-elle conclu. Le porte-parole du gouvernement malien, le colonel Abdoulaye Maïga, a assuré ne craindre “absolument pas” un accès de tension avec la CEDEAO.
Au contraire, le décret “est une preuve très éloquente de la volonté de dialogue” des autorités, a-t-il déclaré lundi à la télévision publique, en le justifiant par la volonté de trouver un “compromis” entre les “exigences” de la CEDEAO et les “aspirations” des Maliens à des réformes avant la tenue d’élections à la fin de la transition. Les autorités ont estimé que les pourparlers avec la CEDEAO étaient assez “avancés” pour promulguer ce décret sans en attendre la fin, a-t-il expliqué.
La CEDEAO a accordé jusqu’alors 16 mois supplémentaires aux militaires. Elle réclame aussi de la junte un calendrier détaillé des actions à mener pour tenir les élections. Elle dit qu’elle lèvera les sanctions à mesure que ces actions auront été accomplies.
Maintenant que la durée de la transition est fixée, “l’élaboration d’un chronogramme est fort aisée, en tout cas sa publication est imminente”, a affirmé le colonel Maïga. Elle est suspendue à l’adoption du projet de loi électorale par le Conseil national de transition (CNT), a-t-il ajouté.
Le CNT, installé par les militaires, fait office de Parlement. Le CNT “encourage et soutient” le colonel Goïta, a indiqué son président, le colonel Malick Diaw, mardi soir dans un communiqué sur la durée de la transition.
Source: Voa Afrique