La Banque africaine de développement investit en masse dans l’adaptation au changement climatique

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Les assemblées annuelles 2022 de la Banque africaine de développement viennent de se tenir au Centre de conférences international d’Accra, la capitale du Ghana. Elles avaient pour thème, “favoriser de la résilience climatique et d’une transition énergétique juste pour l’Afrique“. Les délégués y ont discuté de la manière dont le continent peut se développer dans ce contexte malgré les effets de la pandémie et de l’inflation.

Mais la Banque africaine de développement (BAD), ce sont d’abord des projets concrets. Dans la capitale ghanéenne, elle a investi 83,9 millions de dollars dans la construction d’un impressionnant échangeur à quatre niveaux à Pokuase, le premier du genre en Afrique de l’Ouest. Ce projet mené en collaboration avec le gouvernement visait à résoudre la congestion du trafic, mais pas seulement.

Infrastructure routière et soutien à la population

“Cet échangeur, en particulier sur la N6, est emprunté par plus de 50 000 véhicules par jour,” nous précise Kwabena Bempong, ingénieur. “Il a permis de ramener le nombre d’accidents à un niveau très faible, mais il a aussi amélioré les déplacements à l’échelle de l’échangeur et des routes avoisinantes,” indique-t-il.

Le projet incluait également la rénovation d’environ 10 km de routes locales et un soutien aux communautés vivant autour de l’échangeur de Pokuase. Plus de 12 000 écoliers ont appris l’informatique, des groupes de femmes ont reçu une formation et leurs lieux de travail ont été modernisés et améliorés.

Comfort Zormelo dirige le groupe de femmes Manchie. Elle nous montre le bâtiment où elle produit de la farine avec d’autres femmes. “Avant, on avait ce bâtiment, mais il n’était pas terminé, la cuisine n’était pas terminée et on n’avait pas le séchoir que l’on utilise pour la farine de manioc, mais le projet que la Banque africaine de développement a mené avec l’assemblée municipale nous a aidées,” explique-t-elle. “Ils nous ont appelé, ils sont venus et ils ont rénové tout cet endroit pour nous,” dit-elle.

Expertise internationale

Lors des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement, il a été question de projets, mais aussi de collaboration au sens large. Celle-ci inclut des partenaires internationaux comme la Norvège. La BAD et l’Union africaine souhaitent tirer parti de l’expertise norvégienne dans les énergies renouvelables et l’économie bleue tandis que les autorités du pays se disent également prêtes à soutenir les efforts du continent en matière de sécurité alimentaire.

“C’est une grande priorité pour nous, de travailler directement avec les pays,” souligne Bjørg Sandkjær, secrétaire d’État au ministère norvégien des Affaires étrangères, “mais aussi par l’intermédiaire de la Banque africaine de développement pour encourager la production alimentaire locale, soutenir les petits exploitants agricoles pour qu’ils aient quelque chose à manger, mais aussi à vendre.”

 

Lors de ses assemblées, la BAD, aux côtés de partenaires comme le Centre mondial pour l’adaptation, a lancé le programme d’accélération de l’adaptation de l’Afrique doté de 25 milliards de dollars. Il a pour but de soutenir 30 millions de petits exploitants agricoles sur le continent.

“L’Afrique a un choix à faire : soit elle retarde les échéances et en paie le prix, soit elle planifie et prospère,” assure Patrick Verkooijen, PDG du Centre mondial pour l’adaptation. “La jeunesse est essentielle pour la revitalisation de l’économie africaine,” ajoute-t-il, “il est important que nous créions des emplois décents, verts, technologiques et bien payés.”

Augmentation de la production agricole

Au Ghana, la BAD a aussi mis en place le Programme d’investissement dans la zone de savane. Il a permis d’augmenter de manière significative, la production des agriculteurs dans le nord du pays, mais aussi de soutenir l’élevage de volailles où les besoins en maïs et soja sont importants pour les nourrir. Grâce aux actions menées dans le cadre du programme, le rendement dans la production de ces deux aliments est passé de moins de 2 tonnes à 6,25 tonnes par hectare.

“On a pris ces technologies, on les a montrées aux agriculteurs qui vendent leur production et on leur a aussi fourni une assistance pour développer la mécanisation,” fait remarquer Martin Fregene, directeur de l’agriculture à la BAD. “Dans la phase pilote, 80 hectares étaient concernés, aujourd’hui, ce sont 16.000 hectares dans le nord du Ghana,” précise-t-il.

La construction de l’échangeur et le Programme d’investissement dans la zone de savane font la différence au Ghana. Alors que les dirigeants africains se sont engagés à mettre en œuvre le programme d’accélération de l’adaptation de l’Afrique, ces projets emblématiques pourraient être reproduits ailleurs sur le continent.

 Source: Africanews