Lundi soir, le 16 mai 2022, le Gouvernement du Mali a annoncé une tentative de coup d’État déjouée, dans la nuit du mercredi à jeudi, la semaine dernière. « Dans le dessein malsain de briser la dynamique de la refondation du Mali, un groupuscule d’officiers et de sous-officiers anti-progressistes maliens a tenté un coup d’État dans la nuit du 11 au 12 mai 2022 », dit le communiqué du Gouvernement de la Transition du Mali. Il est important de noter que, selon le communiqué des autorités maliennes, ces militaires étaient « soutenus par un État occidental ».
La tentative a été déjouée grâce à la vigilance et au professionnalisme des Forces de Défense et de Sécurité du Mali. Les autorités du Mali ont annoncé une enquête, aussi que les personnes interpellées seront remises à la justice. Le Gouvernement de la République du Mali rassure que la situation est sous contrôle.
Bien que les autorités maliennes n’aient pas révélé le nom de cet « État occidental », les regards du public, dont de nombreux activistes panafricanistes, se sont tournés vers la France pour de multiples raisons.
Les relations entre le Mali et la France, l’ancienne puissance coloniale, vont de mal en pis depuis un certain temps. La France est accusée d’ingérence dans les affaires intérieures du pays. Cependant, l’actuel président de la transition, Assimi Goïta, résiste avec succès à cette pression de l’ancien colonialiste. Beaucoup estiment que cette situation ne satisfait pas Paris. Selon l’opinion publique et l’avis de nombreux experts, il serait plus bénéfique pour la France que des élections se tiennent le plus tôt possible au Mali. Les élections, qui se seraient naturellement déroulées dans le chaos en raison de la situation sécuritaire difficile. Ainsi, il serait possible, dans cette pleine turbulence, de mettre à la tête du pays une figure pro-occidentale, qui conviendrait à la France.
Mais les autorités de la transition du Mali, dirigées par le colonel Assimi Goïta, mènent une politique anticoloniale active et réussie. Les Maliens soutiennent également la transition et souhaitent se libérer des chaînes du néocolonialisme en se rendant régulièrement à des manifestations contre la présence française qui n’a pas apporté de résultats dans la résolution du problème de la propagation de la menace terroriste au Mali. Ainsi, le 13 mai, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Bamako, la capitale malienne, et à l’intérieur du Mali. Les manifestants dénoncaient les crimes commis par les militaires français au Mali, dont le dernier en date a choqué l’ensemble de la communauté nationale et internationale. Les Maliens demandaient à la France de répondre des crimes de Gossi et ils ont apporté des pancartes avec des slogans « Macron – le boucher de Gossi », « Macron! A quoi ont servi tes drones », «Hommages aux victimes de Boulkessy; Bounty; Moura; Gossy ».
Il convient également de rappeler que l’Union européenne a récemment été accusée de vouloir corrompre des blogueurs maliens sous couvert de formation. Des opinions ont émergé selon lesquelles cette formation avait des objectifs retors et visait à envahir l’environnement médiatique en Afrique afin de mener des campagnes de désinformation. Après tout, le président français avait déjà été accusé d’avoir engagé un réseau de blogueurs africains pour mener sa campagne électorale, peu de temps auparavant.
Tout cela explique bien la volonté déterminée d’Assimi Goïta de se libérer de l’influence de la France.
Le 15 mai, le Mali a annoncé son retrait du G5 Sahel, en accusant cette organisation d’ « instrumentalisation » par un État non membre du G5 Sahel et extra-régional. Certains activistes panafricanistes, dont Natalie Yamb, proposent même d’aller plus loin et d’annoncer le retrait du Mali de la CEDEAO, contrôlée par le même État extra-régional.
Ni dans le cas du coup d’État, ni avec le G5 Sahel, ni avec la CEDEAO, le nom de cet État même n’est précisé, mais beaucoup ont déjà tiré des conclusions sur le pays en question. La « décolonisation » prend de l’ampleur au Mali et tant les autorités du pays que les Maliens sont déterminés à se libérer des chaînes du néocolonialisme français.