Une semaine après l’annonce par l’armée malienne de la neutralisation de 203 terroristes à Moura, le ministre français des Affaires étrangères a mis en cause cette présentation des faits. De son côté, la Russie a félicité Bamako.
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a mis en doute le 8 avril la version des autorités maliennes qui affirment avoir neutralisé 203 terroristes à Moura, dans le centre du pays, où des témoignages, selon l’AFP, feraient état de l’exécution en masse de civils par l’armée malienne. «Les autorités de Bamako annoncent 200 terroristes tués, sans pertes civiles. J’ai du mal à croire, j’ai du mal à comprendre, j’ai du mal à accepter ces explications», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères sur France
«Il faut une enquête des Nations unies et nous la demandons […]. C’est le rôle des Nations unies que de mener cette enquête […] sauf qu’à l’heure actuelle ils n’ont pas le droit d’accéder à la zone du centre où ont été commises a priori ces exactions», a-t-il ajouté.
Pour rappel, dans la soirée du 1er avril, l’armée malienne avait affirmé dans un communiqué avoir tué «203 combattants [de] groupes armés terroristes» lors d’une opération dans une zone sahélienne du centre du Mali menée du 23 au 31 mars. Cette opération «de grande envergure» s’est déroulée «dans la zone de Moura à 17 kilomètres au nord-est de Kouakjourou dans le cercle de Djenné» (centre du Mali). Elle avait permis selon l’armée malienne «l’interpellation de 51 personnes» et la récupération «d’importantes quantités d’armes et de munitions».
Moscou félicite Bamako pour sa «victoire importante contre le terrorisme
La Russie a de son côté félicité le Mali pour «une victoire importante [contre] le terrorisme» et qualifié de «désinformation» les allégations sur le massacre de civils par ses militaires, tout comme celles sur l’implication de mercenaires russes dans l’opération. Le ministère russe des Affaires étrangères a aussi accusé l’Occident d’orchestrer une campagne visant à «mettre l’accent» sur une pseudo-participation de Moscou dans des «crimes de guerre».
Bamako dément la présence au Mali de mercenaires de l’entreprise de sécurité privée russe Wagner, ne reconnaissant que celle d’instructeurs et de formateurs russes en vertu d’un accord de coopération bilatérale avec Moscou datant des années 1960.
Dans un rapport, l’ONG Human Rights Watch a fait état de l’exécution sommaire de 300 civils par des soldats maliens associés à des combattants étrangers entre le 27 et le 31 mars à Moura. L’émissaire de l’ONU pour le Mali, El-Ghassim Wane, a réclamé le 7 avril aux autorités maliennes un accès «impératif» à cette localité.