Ce groupe de plusieurs dizaines de véhicules, en provenance de Côte d’Ivoire, doit rejoindre le Niger, mais de nombreuses manifestations ont lieu sur son passage depuis plusieurs jours. Samedi, quatre protestataires ont été blessés alors qu’ils tentaient de s’en approcher.
Il n’est pas le bienvenu. Un important convoi logistique de l’armée française est la source de contestations au Burkina Faso, où des manifestants s’opposent, depuis jeudi, à son passage sur le territoire pour atteindre le Niger voisin. Au moins quatre personnes ont été blessées, samedi 20 novembre, à Kaya, principale ville du centre nord du pays.
« Ce matin, la tension est montée d’un cran entre les manifestants et les soldats de l’armée française, qui ont passé la nuit sur un terrain vague. Alors que des manifestants tentaient de s’approcher du périmètre, des soldats ont procédé à des tirs de sommation », a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) une source locale jointe à Kaya, évoquant « des blessés par balles », ce qu’a confirmé une source hospitalière.
« Quatre personnes blessées par balles ont été reçues aux services des urgences du centre hospitalier régional de Kaya », a informé cette source hospitalière, précisant que le « pronostic vital des patients n’est pas en jeu ». Le quotidien d’Etat Sidwaya faisait état samedi soir de « trois blessés suite aux tirs de sommation », ajoutant que l’un d’eux avait « reçu une balle dans la joue ».
« Libérez le Sahel »
L’AFP n’a pu déterminer l’origine des balles, les soldats français et burkinabés ayant tous effectué des tirs de sommation pour disperser les manifestants, selon des sources concordantes.
« Un groupe de manifestants a tenté de découper le grillage pour entrer dans l’enceinte et les gendarmes burkinabés ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser la foule. Les soldats français ont effectué quelques tirs de sommation au-dessus de la foule », a déclaré une source de l’état-major français. « Il n’y a aucun blessé du fait de l’action des militaires français. Nous n’avons connaissance d’aucun blessé, même suite aux tirs de grenade lacrymogène », selon la même source, qui assure que « des négociations sont en cours entre les autorités burkinabées et les manifestants ».
Vendredi, des milliers de personnes se sont rassemblées, à Kaya, pour s’opposer au passage de ce convoi, en provenance de Côte d’Ivoire et à destination du Niger. Des slogans, tels que « Armée française dégage », « Libérez le Sahel », « Plus de convoi militaire d’invasion et de recolonisation français », étaient inscrits sur des écriteaux et des banderoles brandis par des manifestants. Les poings en l’air, ils ont entonné l’hymne national burkinabé face au convoi français de plusieurs dizaines de véhicules.
Ce « convoi d’une soixantaine de camions et d’une centaine de militaires français parti d’Abidjan se dirigeant vers Niamey puis Gao » n’est « pas un convoi pour transporter des armes aux djihadistes, comme on peut le lire sur des réseaux sociaux », a rappelé l’état-major français.
Appels à la démission du président
L’avancée du convoi avait déjà été bloquée mercredi et jeudi par des manifestants à Bobo Dioulasso (ouest), puis dans la capitale, Ouagadougou, où les forces de sécurité burkinabées ont dû faire usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, selon Roland Bayala, porte-parole de la Coalition des patriotes africains du Burkina Faso (COPA-BF), qui a appelé à ces manifestations.
« Nous avons décidé de faire barrage, parce que malgré les accords signés avec la France, nous continuons à enregistrer des morts et nos pays demeurent sous-armés », a-t-il expliqué à l’AFP.
Mardi, plusieurs centaines de personnes ont participé dans plusieurs villes du pays à des manifestations pour réclamer la démission du président burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, pour son « incapacité à mettre fin aux attaques terroristes », deux jours après une attaque djihadiste ayant fait au moins 53 morts, dont 49 gendarmes à Inata, dans le nord du pays.
Le Burkina Faso fait face depuis 2015 à des attaques djihadistes régulières et meurtrières, en particulier dans les régions du nord et de l’est, dans la zone dites des « trois frontières », aux confins du Mali et du Niger, deux pays également confrontés aux opérations des djihadistes armés.
Source: Le Monde