Le Cap-Vert, proche de se voir attribuer la désignation d’abuseur des Droits de l’Homme, est fortement critiqué par les Nations Unies

Une mise en garde a été faites au Cap-Vert par les Nations Unies : la torture, la détention arbitraire et les violations infligées au diplomate vénézuélien Alex Saab doivent cesser, et le gouvernement a été invité à s’expliquer. La situation est grave, les violations sont graves, le gouvernement du Cap-Vert est dénoncé et présenté à la communauté internationale comme un État voyou – un violeur des Droits de l’Homme soupçonné de violations graves et persistantes.

Le gouvernement du Cap-Vert est sévèrement critiqué par les Nations Unies pour les multiples violations graves en cours à l’encontre de l’Ambassadeur Alex Saab, qui a été arrêté et est détenu arbitrairement au Cap-Vert depuis le 12 juin 2020, dans le cadre d’une procédure d’extradition « arbitraire », instrumentalisée par les États-Unis d’Amérique. Les Nations Unies expriment une « profonde préoccupation concernant les allégations d’arrestation arbitraire, de détention et de procédures d’extradition contre l’ambassadeur Saab ».

Dans une lettre inédite envoyée au gouvernement du Cap-Vert le 19 juillet 2021, qui vient d’être rendue publique par les Nations Unies, un important groupe d’experts indépendants des Nations Unies s’est alarmé du sort de l’Ambassadeur Alex Saab aux mains des autorités du Cap-Vert, qui sont soupçonnées de torture, de traitements inhumains et dégradants, d’arrestation et de détention arbitraires, entre autres violations des Droits de l’Homme.  

La gravité de la situation se perçoit dans le fait que pas moins de quatre rapporteurs spéciaux de l’ONU et un groupe de travail ont rédigé la lettre et ont collectivement mis en demeure le Cap-Vert qu’il doit cesser les violations infligées à M. Alex Saab. Ces organes de l’ONU sont :

  • Le Groupe de travail sur la détention arbitraire ;
  • Le Rapporteur spécial sur le droit de chacun de jouir du meilleur état de santé physique et mentale susceptible d’être atteint ;
  • Le Rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats ;
  • Le Rapporteur spécial sur la torture et autres tortures et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, et ;
  • Le Rapporteur spécial sur les effets négatifs de la torture sur les droits humains des femmes sur les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales sur la jouissance des droits humains.

Selon les experts des Nations Unies, à première vue, « la situation créée par les plus hautes autorités du Cap-Vert violerait, de manière grave, effrénée et prolongée, les engagements du Cap-Vert en termes de respect des Droits de l’Homme et de violation prolongée des engagements du Cap-Vert à respecter les principes les plus fondamentaux des Droits de l’Homme ».

Les Nations Unies, par le biais de la Procédure spéciale, ont demandé au gouvernement du Cap-Vert de rendre compte des « motifs factuels et de la base juridique de l’arrestation, de la détention et de l’éventuelle extradition de l’Ambassadeur Alex Saab Moran vers les États-Unis, y compris la nature exacte de la charges retenues contre lui et les faits à l’appui de ces charges ; sur la violation des garanties judiciaires, consulaires et autres garanties d’un procès équitable ; sur les allégations de torture et de mauvais traitements de l’ambassadeur Saab ; sur la violation de son droit à l’intégrité physique et la détérioration de son santé imputable aux autorités ; sur le risque de torture en cas d’extradition ; et sur la violation de l’immunité diplomatique de l’Ambassadeur Alex Saab ».

Le gouvernement du Cap-Vert, conformément à ce qui est devenu son modus operandi standard lorsqu’il s’agit de critique internationale sur sa façon de gérer l’affaire Alex Saab, reste silencieux, non disposé à répondre aux convocations diplomatiques, à la cessation des violations des Droits de l’Homme. Le personnel des Nations Unies s’exprimant sous le couvert de l’anonymat a déclaré que « en agissant ainsi, le Cap-Vert continue de s’isoler de la communauté internationale, conformément à la stratégie de retrait habituelle utilisée par la plupart des États voyous et des auteurs de violations des Droits de l’Homme. En l’absence d’une justice indépendante et impartiale, et face à une situation d’une gravité exceptionnelle, les violations des droits humains subies par M. Alex Saab se poursuivent en toute impunité au Cap-Vert. Le Cap-Vert ne dispose plus d’aucune excuse. Désormais, personne au gouvernement ne pourra dire qu’il n’était pas au courant ».

Les capverdiens ordinaires, qui jusqu’à aujourd’hui ignoraient la gravité de la situation, sont ceux qui risquent de payer le prix le plus élevé de l’isolement de leur pays sur la scène internationale, et ce au niveau économique et politique et sous la forme d’une réputation à long terme. Le Dr Jose Manuel Pinto Monteiro, conseil principal de M. Alex Saab au Cap-Vert, a déclaré en réaction aux révélations de l’ONU : « Il appartient au peuple du Cap-Vert de tenir ce gouvernement responsable des violations graves et persistantes des Droits de l’Homme qui ont été dénoncées avec véhémence par la CEDEAO et par les Nations Unies. J’exhorte les autorités du Cap-Vert à libérer M. Alex Saab immédiatement et exige que des mesures soient prises contre les responsables ».

 

Liens vers les lettres des Nations Unies :

https://spcommreports.ohchr.org/TMResultsBase/DownLoadPublicCommunicationFile?gId=26527

https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/A_HRC_48_59_Add.2_AdvanceUneditedVersion.pdf