Burkina : un dispositif sécuritaire exceptionnel pour le procès de l’assassinat de Sankara

(image d'illustration) Ahmed OUOBA / AFP A l'occasion du procès, tout le quartier Ouaga 2000 sera sous haute surveillance.

Ce lundi 11 octobre s’ouvre à Ouagadougou, au tribunal militaire, le procès dans l’assassinat du président Thomas Sankara. C’était le 15 octobre 1987. Trente-quatre ans après son assassinat, quatorze personnes sont inculpées. Plus de 20 000 pages de documents et de nombreuses pièces figurent dans le dossier. Pour une bonne tenue du procès, des mesures exceptionnelles de sécurité ont été prises.

Les différentes parties prenantes au procès ont dû travailler pendant une partie de la nuit du dimanche sur le dossier. « J’ai dû débourser une somme de 265 000 francs CFA rien que pour faire une copie du dossier », souligne un avocat.

Selon nos informations, le dossier ne peut pas tenir dans le coffre d’un seul véhicule 4×4. Plus de 20 000 pages de documents. « Le dossier est plus volumineux, comparativement à celui du coup d’Etat de 2015. Tout y est : les documents déclassifiés par la France et les autres pièces », souligne notre source.

Trente-quatre ans après les faits, quatorze personnes sont inculpées. Mais douze personnes comparaitront. Blaise Compaoré, l’ex -président burkinabè et son ancien chef de la sécurité Hyacinthe Kafando ne seront pas présent à l’audience. Selon nos sources, une liste d’une soixantaine de témoins figure dans le dossier.

Des mesures exceptionnelles de sécurité ont été prises pour le bon déroulement de ce procès historique. Tout le quartier Ouaga 2000 sera sous haute surveillance. « La circulation sera perturbée » prévient le capitaine Souleymane Coulibaly, membre de la cellule sécurité.

Toute personne désirant accéder à la salle d’audience devra passer par un dispositif de fouille. Tous les appareils électroniques, c’est-à-dire les téléphones-portables, les appareils photos ou tout dispositif d’enregistrement, y sont interdits. Les tenues, banderoles et pancartes à l’effigie des accusés ou des victimes sont interdites à l’extérieur et à l’intérieur de la salle d’audience.

Le jeudi 15 octobre 1987. Il est 16h, heure locale. Le président Thomas Sankara et certains membres du Conseil national de la révolution sont en réunion dans une salle du bâtiment « Burkina » au conseil de l’entente. Il est en tenue de sport, car le jeudi est jour de « sport de masse » au Burkina Faso.

Alouna Traoré, qui rentre de mission du Bénin, prend le premier la parole. À peine a-t-il commencé qu’un véhicule fonce sur le bâtiment où se trouvent Thomas Sankara et ses compagnons. Un commando surgit et des tirs retentissent.

« Ne bougez pas, c’est de moi qu’ils ont besoin », lance Thomas Sankara en se levant, selon Alouna Traoré, le seul rescapé parmi ceux qui étaient avec le père de la Révolution à cette réunion.

Sankara ajuste son survêtement, se souvient Alouna Traoré, et les mains en l’air, il sort le premier de la salle. Aussitôt, il est froidement abattu sur le perron de la salle de réunion. Puis ses compagnons doivent sortir à leur tour, sous les injonctions des assaillants. Les uns après les autres, ils subissent le même sort que le président du Faso.

En tout, treize personnes ont été tuées ce 15 octobre. Thomas Sankara, cinq participants à la réunion et cinq gardes. Les corps sont mis en terre dans la nuit du 15 au 16 octobre, au cimetière de Dagnoen, un quartier à l’Est de Ouagadougou. Enterrés par un groupe de 20 détenus.

 Source: Rfi