Cinq jours après que le président tunisien Kaïs Saïed s’est arrogé de nouveaux pouvoirs, la classe politique, jusqu’ici restée plutôt silencieuse, prend finalement position.
Jusqu’ici attentistes et peu loquaces, les politiciens tunisiens reprennent de la voix depuis quelques jours. Alors que Kaïs Saïed a fait part de sa volonté de maintenir le gel de l’Assemblée et de légiférer désormais par décrets, sa mainmise sur le pouvoir inquiète.
À commencer par des personnalités ayant soutenu l’activation du fameux article 80 le 25 juillet dernier. C’est le cas de Mohamed Abbou, figure de la lutte contre la corruption et ancien opposant à Ben Ali qui parle désormais d’accaparement des pouvoirs par un seul homme.
Même son de cloche du côté du Parti destourien libre (PDL) qui entend désormais s’opposer au président après l’avoir soutenu. La semaine dernière, ce sont quatre partis du centre et de la gauche qui ont rejeté ces mesures dans un communiqué commun. L’UGTT, puissante centrale syndicale tunisienne, a aussi fait part de ses craintes allant jusqu’à parler de « danger pour la démocratie ».
Face à ce front qui se fissure, six partis politiques ont annoncé continuer à soutenir, quant à eux, le président.
Après avoir bénéficié de la confiance d’une part large de la population et de la classe politique tunisienne, l’enthousiasme pour les mesures de Kaïs Saïed semble retomber à mesure que celui-ci s’arroge de nouvelles prérogatives. Les Tunisiens attendent toujours, par ailleurs, que le président nomme un chef du gouvernement.
Source: Rfi