Au lendemain des annonces de la présidence tunisienne, les partis politiques réagissent en Tunisie. Alors que le chef de l’État a décidé de prolonger le gel de l’Assemblée et d’étendre ses pouvoirs, le mécontentement monte du côté des politiciens tunisiens. Il faut dire que la décision de se passer du Parlement pour une durée indéterminée et de légiférer désormais par décrets passe mal chez les politiciens.
En étendant largement ses pouvoirs, Kaïs Saïed, le président tunisien, s’est mis davantage à dos ses détracteurs à commencer par le parti islamiste Ennahdha. Premier parti de l’Assemblée avant son gel, celui-ci continue donc de dénoncer ce qu’il appelle le « coup d’État » de Kaïs Saïed. Par la voix de son chef Rached Ghannouchi, il invite à la « lutte pacifique » contre ce qu’il qualifie de « pouvoir absolu d’un seul homme ».
Ces décisions remettent en cause sa légitimité. De telles mesures replongent la Tunisie dans un régime dictatorial dont elle a souffert durant des dizaines d’années. Pour autant, le parti Ennahdha ne souhaite pas être le chef de file des opposants à ces décisions. Nous n’avons pas appelé à manifester dimanche. Ennahdha a même interdit à ses dirigeants d’y participer. Mais nous n’empêcherons pas nos militants de prendre part aux manifestations en tant que citoyens tunisiens.
Volte-face de soutiens de Kaïs Saïed
Mais ce qui a changé depuis mercredi soir, c’est la volte-face de personnalités politiques qui soutenaient jusqu’ici la présidence dans ses décisions. C’est le cas notamment de Mohamed Abbou, fondateur du parti dit du courant démocrate, cet ancien ministre figure de la lutte anti-corruption parle désormais lui aussi d’accaparement des pouvoirs par Kaïs Saïed.
Quatre partis de la gauche et du centre se sont aussi fédérés pour exprimer leur rejet des mesures présidentielles et soutenir que Kaïs Saïed a, selon eux, perdu toute légitimité.
Un président qui peut encore compter sur le parti dit du peuple, soutien de la première heure du chef de l’État. Ses cadres confient préférer la concentration des pouvoirs aux mains de Carthage qu’une assemblée avec Ennahdha, le parti islamiste, comme première force.
Source: Rfi