Plus de 73 millions de dollars de ressources publiques ont été détournés par les élites sud-soudanaises depuis 2018, conclut un rapport accablant présenté jeudi à Genève par la Commission des droits de l’homme de l’ONU. Ce pillage massif des ressources de l’État menace, prévient l’ONU, le processus de paix déjà fragile de ce jeune pays.
Pour les auteurs de ce rapport, l’ampleur des détournements d’argent public au Soudan du Sud est tout simplement « sidérante ». La Commission des droits de l’homme des Nations unies a documenté la disparition de 73 millions de dollars depuis 2018, dont près de 39 millions en l’espace de moins de deux mois. Et encore, ces montants ne représente qu’une « fraction du montant total pillé », prévient la Commission. Ce ne serait que la partie immergée de l’iceberg.
Un pillage privant les Sud-soudanais de service de base
L’ONU accuse les élites sud-soudanaises, d’avoir « délibérément » mis sur pied, un « système hautement informel » de collecte des revenus pétroliers, de loin la principale ressource du pays. Un système qui fonctionnerait sans « aucune transparence » ni le moindre « contrôle indépendant ».
Le rapport met en cause pêle-mêle des hommes politiques, responsables au gouvernement, des membres de l’armée, mais aussi de banques internationales, par lesquels ont transité une partie de ces fonds. Pour l’ONU, ces détournements privent non seulement les Sud-soudanais des services de base, dans un pays où 80% de la population vit dans une « pauvreté extrême ». Mais ces pillages qui « alimentent » aussi « la compétition politique entre les élites » et constitue donc « un moteur essentiel » du conflit en cours, « compromettant les perspectives d’une paix durable dans le pays ».
Source: Rfi