La disparition d’Adnan Abou Walid al-Sahraoui met fin à un long règne du jihadiste au sein du Sahel. Membre fondateur du Mujao, proche des cadres d’Aqmi, al-Sahraoui a aussi marqué les habitants de Gao, ville qu’il a dirigée avec ses hommes lors de l’occupation jihadiste du nord du Mali en 2012.
De mars 2012 à février 2013, Adnan Abou Walid al-Sahraoui a régné durant une année sur la ville de Gao. Ce chauffeur de taxi a croisé une fois le leader jihadiste : « Al-Sahraoui, je l’ai croisé une fois. Il y avait des gens armés qui sont venus chez moi. Ils ont voulu me prendre mon véhicule à la maison. Donc, lui, il était de passage, il s’est arrêté. Il n’était même pas armé, mais dès qu’il est descendu de la voiture, les autres sont partis. Il était vraiment puissant ».
Craint par ses proches
Discret, craint même par ses proches, al-Sahraoui était la tête pensante du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et laissait ses hommes appliquer la charia. Pour cet habitant qui tenait un petit commerce en 2012, al-Sahraoui a su manipuler les habitants de Gao : « C’était une sorte de manipulation, mais les gens se méfiaient. Mais quand même, il était très proche des populations à l’époque. C’était presque l’homme à qui on faisait appel à chaque fois pour trouver des solutions à des situations difficiles ».
« Gao était complètement dans le noir »
Charia, port du voile pour les femmes, nombreuses interdictions en un an, al-Sahraoui a soumis Gao à ses règles. Enseignant à l’époque, cet habitant en garde ce souvenir : « Je ne peux pas dire que Gao ressemblait à un cimetière, mais en 2013, Gao était complètement dans le noir ». Près de dix ans après le règne de al-Sahraoui à Gao, la situation sécuritaire reste complexe, aucun habitant interrogé n’a en effet souhaité donner son identité.