Guinée : la Cédéao suspend le pays de ses organes de décision en réponse au coup d’Etat

Les dirigeants ont par ailleurs exigé le « respect de l’intégrité physique » et la libération du président déchu, Alpha Condé.

Les dirigeants des Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont décidé, mercredi 8 septembre, de suspendre la Guinée des organes de décision de l’organisation, a fait savoir un ministre participant au sommet qui s’est tenu à distance.

La Cédéao « a décidé de suspendre la Guinée de toutes ses instances de décisions, et demande que ces décisions soient endossées par l’Union africaine et les Nations unies », a ainsi déclaré à Ouagadougou le ministre des affaires étrangères burkinabé, Alpha Barry. Il n’a toutefois pas évoqué de sanctions économiques.

Par ailleurs, une « mission de haut niveau » devrait être envoyée jeudi en Guinée « pour discuter avec les nouvelles autorités ». A l’issue de cette mission d’une durée non précisée, la Cédéao réexaminera ses positions, a-t-il également dit.

La « libération immédiate » d’Alpha Condé réclamée

Les dirigeants de la Cédéao « ont exigé le respect de l’intégrité physique du président Alpha Condé », renversé par les putschistes dimanche, sa « libération immédiate » ainsi que celle de toutes les personnes interpellées, a-t-il ajouté. Ils réclament aussi que les militaires « mettent en place un processus qui permette d’arriver très rapidement à un retour à l’ordre constitutionnel normal », a-t-il conclu.

La Cédéao se retrouve ainsi dans une situation comparable à celle qu’elle a connue après le putsch d’août 2020 au Mali voisin. Elle avait alors suspendu le pays de l’organisation, mais aussi pris des sanctions économiques, comme l’arrêt des échanges commerciaux sauf pour les produits de première nécessité, et la fermeture des frontières. Ces sanctions avaient été levées à la suite de l’engagement des militaires maliens sur la voie d’une transition de dix-huit mois maximum, pour rendre le pouvoir à des dirigeants civils issus d’élections.

Dimanche, des militaires emmenés par le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, ont renversé le pouvoir du président Alpha Condé, dont le troisième mandat était particulièrement controversé. Aucune mort liée au putsch n’a été rapportée officiellement. Mais des médias guinéens ont fait état d’une dizaine à une vingtaine de morts dans les rangs de la garde présidentielle, des informations invérifiables faute d’accès aux hôpitaux.

Les forces spéciales disent avoir agi pour mettre fin à « la gabegie financière » et au « piétinement des droits des citoyens ». Elles ont dissous le gouvernement et les institutions, et aboli la Constitution qu’avait fait amender et adopter M. Condé en 2020 pour se représenter après deux mandats, malgré des mois de contestation réprimée dans le sang.

 Source: Le Monde