LES NÉGOCIATIONS DU VENEZUELA PROGRESSENT

En guise d’illustration de comment des événements apparemment aléatoires peuvent être liés, il existe un dicton que stipule que le battement des ailes d’un papillon dans la forêt amazonienne peut provoquer un ouragan au large des côtes de la Floride. Cela permettrait peut-être de comprendre comment l’affaire du diplomate vénézuélien Alex Saab, détenu depuis plus de 440 jours sur la petite île de Sal, au large de la côte ouest de l’Afrique et dont l’extradition vers les États-Unis doit être décidée d’un jour à l’autre, pourrait avoir un impact dramatique sur les pourparlers actuellement en cours entre le président Maduro et l’opposition vénézuélienne.

Tous les signes indiquent que les discussions en cours entre le gouvernement du Président Nicolas Maduro et le groupe d’opposition au Venezuela, sous la direction de Juan Guaido, progressent mais sans aucun signe d’accord.

Les rencontres, qui se déroulent à Mexico sous la direction du gouvernement de Norvège, qui jouit d’une expérience importante dans la gestion de telles négociations, arrivent à un moment crucial pour le Venezuela qui doit tenir des élections nationales en novembre de cette année. La plupart des observateurs déclarent qu’étant donné la longue histoire de désaccord entre les deux parties, il n’y a qu’une petite chance qu’un développement significatif puisse avoir lieu à temps pour avoir un impact sur les élections de novembre pour de nombreux maires et gouverneurs ; que le parti au pouvoir du président Maduro devrait gagner avec une avance confortable.

Ce qui est cependant clair, c’est que l’opposition dirigée par Guaido n’est plus aussi unie qu’elle l’était autrefois et avec des signes de reprise économique qui s’est construite sur une dollarisation de facto de l’économie, le temps est peut-être compté pour permettre à l’opposition de recueillir quelconques concessions importantes de la part du président Maduro. Les magasins de Caracas ont maintenant des produits à vendre, et le Venezuela se dirige vers sa première année de croissance positive du PIB depuis près d’une décennie.

Les gains économiques se matérialisent malgré les sanctions unilatérales toujours imposées par les États-Unis. Alors que l’on ne perçoit toujours aucun signe d’une volonté d’assouplir le régime de sanctions que les États-Unis ont imposé depuis le second mandat du président Obama, des questions se posent sur l’efficacité de ces sanctions ainsi que sur le niveau de capital politique que les États-Unis doivent dépenser pour que les sanctions soient observées par les secteurs bancaires et commerciaux mondiaux.

Tout cela nous ramène à la question de la détention illégale en cours au Cap-Vert du diplomate vénézuélien Alex Saab, arrêté le 12 juin 2020 et toujours en détention à ce jour. M. Saab assumait une mission spéciale humanitaire en Iran et a été arrêté, à la demande des États-Unis, alors qu’il effectuait une escale technique pour ravitaillement au Cap-Vert. M. Saab, est un diplomate légalement nommé et qui était attendu par l’Iran à ce titre, lutte depuis plus de 440 jours contre une demande d’extradition formulée par les États-Unis. Le dossier de M. Alex Saab est maintenant parvenu au niveau de la Cour constitutionnelle, à savoir la cour suprême du système juridique du Cap-Vert.

Des sources ont indiqué qu’il y avait des rumeurs selon lesquelles les États-Unis auraient exercé des pressions importantes sur le gouvernement du Premier ministre Ulisses Correia ainsi que sur des membres de la justice pour obtenir l’extradition d’Alex Saab. Un tel résultat pourrait à son tour avoir un impact négatif sur les discussions actuellement en cours à Mexico. Le Cap-Vert est pleinement conscient du rôle important que M. Alex Saab a joué pour le gouvernement du président Maduro. Ainsi, quelles pourraient être les conséquences si le Cap-Vert, qui s’est déjà initialement immiscé en arrêtant un diplomate légalement nommé, venait à intervenir à nouveau dans les affaires politiques intérieures du Venezuela ?

Le Cap-Vert s’est vu promettre de grandes choses s’il acceptait de se plier à la volonté des États-Unis. Le Cap-Vert a travaillé dur pour se forger une réputation d’un pays bastion de la démocratie en Afrique, qui honore ses obligations conventionnelles et la primauté du droit international. Mais rien de ce qui a pu être offert ne peut justifier la perte de notre réputation et de la foi du peuple dans les Gardiens de la Constitution.