Au Mali, un magistrat fait parler de lui. Idrissa Hamidou Touré est procureur de la République auprès du tribunal de la commune 4 de Bamako. Sa devise : « Nul n’est au-dessus de la Loi ! » En pointe dans l’affaire d’un journaliste malien disparu il y a cinq ans, il a lancé un mandat d’arrêt international contre des suspects, inculpé un haut gradé de l’armée. Portrait de ce procureur âgé de 37 ans.
Idrissa Hamidou Touré est d’abord l’homme qui utilise les formules « choc ». « Autant je répugne l’abus de pouvoir, autant je répugne le désordre et l’impunité », a-t-il écrit un jour. Il est souvent tiré à quatre épingles.
Dans sa salle d’attente d’un tribunal de Bamako, une dizaine de visiteurs attendent. À l’intérieur, son bureau est encombré de dossiers. La parole libre, il indique sur la table un livre : Le devoir de déplaire, du magistrat français Éric de Montgolfier.
Ce dernier est connu pour avoir fait trembler des hommes puissants en France. C’est un peu le modèle du magistrat malien. « Notre rôle n’est pas de plaire, mais de déplaire à la limite », lance-t-il.
Refus de parler des dossiers en cours
Petit méchant de la cité ? « Si vous voulez », répond l’homme de 37 ans. Il refuse catégoriquement de parler des dossiers en cours, secrets de l’instruction oblige. Mais le procureur Touré consent à dire deux choses. Pour lui, il faut respecter la présomption d’innocence ; ensuite, nul n’est au-dessus de la loi.
Il n’a pas hésité récemment à tancer publiquement un ministre malien en fonction qui, selon lui, donnait l’impression de s’immiscer dans un dossier judiciaire. Diplômé d’université de France et du Mali, il est décidé à faire la lumière sur plusieurs dossiers sensibles. Notamment celui de la disparition depuis cinq ans d’un journaliste malien.
D’après nos informations, dans le cadre de cette affaire, de nouveaux hauts gradés de l’armée seront bientôt entendus.
Source: Rfi