Conflit en Éthiopie : une nouvelle donne avec le rapprochement des rebelles tigréens et oromos ?

AFP - YASUYOSHI CHIBA Des combattants des forces rebelles du Tigré en Éthiopie, juin 2021.

En Ethiopie, neuf mois après la reprise du conflit au Tigré, un rapprochement est annoncé entre plusieurs forces dissidentes : l’Armée de libération Oromo (OLA) actif dans l’ouest du pays ; et le TPLF qui combat le gouvernement fédéral dans la province du Tigré plus au nord.

« Il y a une sorte d’accord », affirme un des porte-paroles du TPLF. « Il est tout à fait naturel que nous travaillions avec des personnes qui ont un intérêt dans l’avenir de l’État éthiopien » poursuit-il.

L’OLA de son côté déclare que cet accord est à un stade encore peu avancé et fondé sur « la compréhension mutuelle » que le régime d’Abyiy Ahmed « doit être renversé ». À ce stade, précise-t-il, « des renseignements » sont échangés entre les deux forces et qu’elles coordonnent leur stratégie.

Une menace pour les autorités fédérales

Les autorités d’Addis-Abeba ont réagi, rapporte notre correspondant à Addis-Abeba, Noé Hochet-Bodin. Cela fait deux ans que le gouvernement éthiopien suspectait une telle alliance, assure la porte-parole du Premier ministre, Billene Seyoum.

« Ce n’est pas surprenant aux yeux du gouvernement fédéral. C’est avant tout une alliance entre deux groupes terroristes. Le Parlement éthiopien a désigné ces deux mouvements comme officiellement terroristes en mai dernier. »

Elle ne manque pas de rappeler au passage qu’avant de s’allier contre le Premier ministre Abiy Ahmed, les deux formations se sont à l’époque affrontées, notamment lorsque le TPLF tigréen était à la tête du pays. « N’oublions pas que le TPLF avait torturé, tué et fait disparaitre beaucoup de jeunes Oromos qui appartenaient au Mouvement de libération de l’Oromia. »

Reste que cet accord militaire entre les deux plus grandes insurrections actuelles fait peser une sérieuse menace sur le gouvernement d’Addis-Abeba, qui cherche encore et toujours à mobiliser la jeunesse pour s’engager dans les forces armées.

« L’appel à la mobilisation nationale ne signifie pas que notre armée est en manque de moyen ou de personnel. L’armée ne peut pas agir seule pour stopper l’avancée du TPLF. Nous avons besoin d’un effort collectif et concerté de tous les citoyens éthiopiens. »

Pourtant, de l’avis de nombreux observateurs, les forces de défenses éthiopiennes sortent très fortement diminuées de neuf mois de conflit.

Quel impact ?

Difficile aujourd’hui d’évaluer l’impact sur le terrain d’une telle alliance. Il y a deux jours l’OLA déclarait avoir repris un axe stratégique alors que le TPLF, ces dernières semaines, a poursuivi son offensive.

Il y a deux jours, le Premier ministre appelait « tous les Éthiopiens aptes et majeurs » à rejoindre les forces de défense nationales, ceci moins de deux mois après avoir déclaré un cessez-le-feu unilatéral. L’OLA et le TPLF ont été classés par le Parlement au mois de mai comme groupes terroristes.

 Source: Rfi