Au Mali, une cinquantaine de civils tués par des présumés djihadistes

Ils ont été assassinés dimanche dans le nord-est du Mali lors d’attaques imputées à des djihadistes, ont annoncé des élus locaux et un responsable militaire.

Une cinquantaine de civils sont morts dimanche dans le nord-est du Mali lors d’attaques imputées à des djihadistes contre trois localités voisines et proches de la frontière avec le Niger, selon un bilan provisoire des autorités locales, lundi 9 août. Les assaillants sont arrivés à moto et ont pris les villageois par surprise.

Un document de la préfecture locale consulté par l’Agence France-Presse (AFP) explique que 51 personnes ont été tuées dans des attaques simultanées contre les communes de Karou, Ouatagouna et Daoutegeft, dans la région de Gao. Des maisons ont été saccagées et incendiées et du bétail emporté, ajoute-t-il.

« Les terroristes sont entrés dans les villages et ont massacré tout le monde », a déclaré à l’AFP un responsable militaire. Par « terroristes », les officiels entendent généralement « djihadistes ». Toutes les sources interrogées par l’AFP se sont exprimées sous couvert d’anonymat pour des raisons de sécurité.

Une région coupée des réseaux

« A Karou, 20 civils ont été massacrés. A Ouatagouna, 14 civils ont été tués, et dans le hameau de Daoutegeft, d’autres civils ont été massacrés », a détaillé un élu d’une des localités. Un autre élu, issu d’une quatrième localité, a également rapporté une attaque contre son village. Un détachement militaire a été dépêché sur place pour porter secours aux populations, a assuré un responsable militaire. Le dirigeant d’une ONG malienne a cependant souligné que les communications avec la zone étaient mauvaises. La région, comme une partie du nord du Mali, a été largement coupée des réseaux ces derniers jours à cause d’attaques attribuées aux djihadistes contre les infrastructures de télécommunications.

Le Mali, pays sahélien pauvre et enclavé, est pris dans une tourmente sécuritaire et politique depuis 2012. Les insurrections indépendantistes et maintenant djihadistes menées par des groupes liés à Al-Qaida et à l’organisation Etat islamique, ainsi que les violences intercommunautaires et les exactions de toutes sortes, y compris de la part des forces de sécurité, ont fait des milliers de morts civils et militaires, et des centaines de milliers de déplacés, malgré le déploiement de forces onusiennes et françaises notamment.

Défaillance de l’Etat

Parties du nord du Mali, les violences se sont propagées vers le centre du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, touchant particulièrement les populations civiles. Expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits humains au Mali, Alioune Tine s’alarmait la semaine passée d’une « détérioration grave et continue de la sécurité », du fait qu’un « seuil critique » avait été franchi et qu’un péril pèse sur l’existence même de l’Etat malien.

A l’issue d’une visite d’onze jours, il évoquait « la défaillance des institutions de l’État », les attaques tous azimuts contre les populations civiles menées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (affilié à Al-Qaida), l’organisation Etat islamique dans le grand Sahara et d’autres groupes armés, ainsi que les enlèvements, les viols collectifs, mais aussi les violences perpétrées par les forces de sécurité censées protéger les civils.

Les 258 atteintes aux droits humains commises par les groupes armés et les milices communautaires au cours des six premiers mois de 2021 représentent déjà 88 % du total de toute l’année 2020, affirmait-il. Un communiqué de l’ONU ajoutait que sa mission de maintien de la paix au Mali (Minusma) avait « recensé au moins 43 exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires commises par les Forces de défense et de sécurité maliennes (FDSM) entre le 1er avril et le 30 juin 2021 ».

 Source: Le monde