Le conflit armé de 2013 a entraîné une augmentation de la violence et des violations généralisées des droits humains dans la République, de sorte que l’embargo semblait être une mesure appropriée à l’époque. Mais fonctionne-t-il toujours pour améliorer la situation dans le pays ?
La fin juillet 2021 est marquée par plusieurs réunions importantes de l’ONU concernant le sort de la République centrafricaine. Les mesures de sanctions imposées par la résolution 2127 de l’ONU, qui a également établi un embargo sur les armes, un comité des sanctions et un groupe d’experts, expirent à la fin du mois. Le mandat du Groupe d’experts soutenant le Comité des sanctions de la RCA 2127, qui expire le 31 août, doit également être renouvelé en juillet.
Cette réunion du Conseil de sécurité de l’ONU est l’occasion pour les autorités centrafricaines d’essayer de persuader une nouvelle fois l’ONU de lever l’embargo sur les armes, qui maintient l’armée nationale sous-équipée.
Le Conseil de sécurité des Nations Unies a imposé un embargo sur les armes à la République centrafricaine (RCA) depuis 2013. Il interdit toute fourniture d’armes et de matériel connexe au pays, à l’exception des forces de sécurité centrafricaines s’il est préalablement approuvé par le Comité des sanctions de l’ONU concerné.
Les récents événements en RCA ont montré que les structures de défense et de sécurité nationales ont beaucoup évolué depuis l’époque où les armes d’embargo ont été introduites. La réforme de l’armée nationale a conduit au renforcement de la force : lorsque la coalition de groupes armés connue sous le nom de la CPC a tenté de perturber le processus électoral dans la République en 2020-2021, la réponse rapide et professionnelle des forces nationales (FACA), soutenues par les alliés russes et rwandais, a permis non seulement de briser cet assaut, mais de lancer une contre-attaque réussie qui a abouti à la libération des territoires qui étaient sous le contrôle des groupes armés depuis des années.
Le plus grand défi pour les FACA, tel que cité par de nombreux chercheurs militaires, est le grave sous-équipement des forces de défense régulières, par rapport aux combattants de la CPC. Le cœur du problème est que le gouvernement, lié par les résolutions de l’ONU, ne peut pas fournir suffisamment d’armes et de munitions à ses soldats, tandis que les groupes armés s’approvisionnent via des déroutes de trafic d’armes, qui utilisent les frontières africaines poreuses avec des pays moins stables, comme le Tchad ou le Soudan.
Le gouvernement centrafricain a soutenu pendant un an que l’exigence d’une approbation préalable par le comité des sanctions de l’ONU compétent pour les fournitures d’armes aux forces gouvernementales constituait un obstacle à la résolution de la crise sécuritaire du pays.
Le 31 janvier 2021, malgré la violence croissante des groupes armés de la CPC en RCA, le Conseil de sécurité a décidé de renouveler son régime de sanctions contre la République centrafricaine pour six mois – y compris un embargo sur les armes et les munitions –.
Cependant, il existe une série d’exemptions à l’embargo sur les armes comme ; les fournitures destinées exclusivement à soutenir la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA) et des missions de formation de l’Union européenne et de la France.
Les représentants de la Fédération de Russie et de la Chine ont toujours été les seuls à exhorter le Conseil de sécurité de l’ONU à respecter la vision centrafricaine de la situation, mais récemment l’Angola a rejoint leur position. Le président angolais João Lourenço, s’exprimant en tant que président par intérim de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, a plaidé pour la levée de l’embargo sur les armes, soulignant que « c’est maintenant que le pays compte sur la présence des troupes de la MINUSCA et d’autres forces étrangères Sur le terrain, le moment propice pour aider la République centrafricaine à former ses troupes afin d’assurer sa propre défense et sa sécurité, lorsque les forces étrangères auront terminé leur mission et se retireront.
Le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), qui sera à l’ordre du jour des récentes réunions, expire le 15 novembre 2021. La Mission n’a cessé de perdre en popularité auprès de la population locale, qui considère la MINUSCA comme être plutôt inefficace. Leur opinion est appuyée par des experts des droits de l’homme, qui soutiennent que le mandat de la Mission devrait être complètement révisé en tenant compte de l’importance du déploiement de la force de l’ONU en RCA.
La situation sécuritaire en République centrafricaine a beaucoup changé depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité de l’ONU en janvier. Les autorités centrafricaines ont travaillé dur pour parvenir à la révision des mesures de sanctions, idéalement avec la levée totale de l’embargo. Mais c’est au Conseil de sécurité de le faire et cela en dira long sur leur vision du présent et de l’avenir de la République centrafricaine.
Le 29 Juillet 2021, le Conseil de Sécurité de l’ONU va se statuer sur la question de l’embargo sur les armes à destination de la République centrafricaine où des voix s’élèvent pour dénoncer le maintien de cette sanction. A l’occasion d’un point de presse à Bangui, la plateforme de la société civile Génération consciente, par le biais de son coordonnateur, Alain Patrick De-Komah, exige du Conseil de sécurité de l’ONU la levée totale de cet embargo qui empêche l’armée centrafricaine à défendre le territoire et la population de la RCA face aux menaces des groupes armés.
L’embargo sur les armes demeure une préoccupation majeure en République centrafricaine. Justifiant l’élection démocratique du président Touadera au pouvoir depuis 2016, les Centrafricains ont estimé que l’embargo imposé à RCA depuis 2013, n’a plus de sens aujourd’hui.