Cerné, l’ex-président sud-africain, Jacob Zuma, prêt à tout pour échapper à la justice

ROGAN WARD / REUTERS Des partisans de l’ancien président sud-africain Jacob Zuma, condamné à quinze mois de prison par la Cour constitutionnelle, chantent et dansent devant sa maison à Nkandla, en Afrique du Sud, le 2 juillet 2021.

Réfugié dans son domaine de Nkandla, entouré de partisans armés, le politicien condamné pour outrage dans une vaste enquête anticorruption, défie la police, la justice et son successeur, Cyril Ramaphosa.

Mardi 6 juillet, jour où il aurait dû être arrêté pour aller purger quinze mois de prison, en raison d’une condamnation prononcée le 29 juin par la Cour constitutionnelle à son encontre et exécutable entre lundi et mercredi, l’ex-président sud-africain Jacob Zuma sera sans doute devant un écran, à distance, mais veillera à entretenir le spectacle devant la cour de justice de Pietermaritzburg (sud du pays, province du Kwazulu-Natal). Là, une action de dernière minute engagée par son équipe d’avocats va tenter d’obtenir un sursis, avec la suspension du processus judiciaire en cours, prélude peut-être à son réexamen, qui serait alors étudié de nouveau le 12 juillet.

Cette audience, en théorie, devrait être d’une portée minuscule. Mais compte tenu du fait que Jacob Zuma est poussé dans ses derniers retranchements, et qu’il a organisé un climat d’hystérie au sujet de son éventuelle arrestation, il la jouera comme une question de vie ou de mort. Si sa manœuvre est couronnée de succès, il peut échapper, à la dernière minute, à une arrestation. S’il échoue, il semble prêt à tout, y compris à pousser ses partisans à la violence, comme il le fait depuis plusieurs jours.

Capture d’Etat

Pour se rendre à Pietermaritzburg, l’ex-président n’aurait pas énormément de chemin à faire. Il est déjà dans le Kwazulu-Natal, sa province d’origine bordant l’océan Indien, depuis laquelle il anime, depuis plusieurs jours, un théâtre permanent autour de son incarcération annoncée. Avec lui, il y a toutes les chances que se déplacent certains de ses supporteurs qui se trouvaient, depuis le week-end à Nkandla, sa résidence privée, un domaine faisant face à un paysage grandiose, symbolique surtout en raison des scandales attachés à son extension. Des travaux extravagants, aux frais de l’Etat, y avaient été effectués du temps où, président (2009-2018), il avait été l’acteur principal d’une série de détournements qualifiés, compte tenu de leur ampleur et de leur organisation, de capture d’Etat. Nkandla n’était au fond qu’un détail à 20 millions d’euros de travaux plus ou moins terminés dans le cadre du cambriolage massif des coffres publics (environ 30 milliards d’euros), dont les contours se précisent, depuis trois ans, dans le cadre une commission d’enquête dirigée par le juge Raymond Zondo.

En novembre 2020, Jacob Zuma, convoqué pour y témoigner à son tour, s’était enfui au milieu de son audition sans y être autorisé. Il a ensuite ignoré les autres convocations puis, poursuivant sa « tactique Stalingrad » (attaquer systématiquement tout le processus judiciaire, oser toutes les arguties juridiques, ne s’arrêter devant aucun procès d’intention, se poser en victime), il s’est attaqué à la personne du juge Zondo, lui demandant de se récuser lui-même.

 Source: Le Monde