Des affrontements ont éclaté entre rebelles tigréens, forces gouvernementales et troupes érythréennes. La province du nord de l’Éthiopie est en conflit depuis novembre 2020. Le pouvoir fédéral, soutenu par des soldats envoyés par Asmara, affronte le TPLF, l’ancien pouvoir du Tigré et son bras armé, les Tigray Defense Forces (TDF). Depuis plusieurs jours, la rébellion a lancé l’offensive et repris plusieurs villes.
Les TDF ont déclenché un assaut majeur. L’offensive a été annoncée par l’un des porte-paroles des forces tigréennes samedi 19 juin. Selon le chercheur Kjetil Tronvoll, les rebelles ont lancé une opération baptisée Alula dès vendredi 5 h. Ils ont attaqué entre Agbe et Agere Salam, à l’ouest de Mekele la capitale provinciale.
« Les forces ennemies sont en déroute », a commenté Getachu Reda, membre du Comité exécutif du TPLF qui, après des semaines de silence, est de nouveau actif sur les réseaux sociaux. Cette offensive a eu lieu alors que l’Éthiopie organisait des législatives lundi 21 juin.
L’offensive s’est élargie. Des combats ont éclaté dans le Centre et le Sud où la ville de Machew aurait été reprise. Surtout, au Nord, les TDF aurait pris Adigrat, deuxième ville du Tigré, quasiment sans combattre, les troupes fédérales s’étant en partie retirées précipitamment. « Il y a eu quelques fusillades. Mais les gens ont fêté la victoire avec des coups de klaxon et même des feux d’artifice », a confié une habitante.
Vers une contre-offensive érythréenne
Une source médicale parle toutefois d’au moins quatre morts et d’une dizaine de blessés parmi les civils. « La vie continue. Les gens ne s’enferment pas chez eux. Ils veulent le retour de l’ancien pouvoir », explique un habitant. Adigrat est non seulement stratégique par sa taille, mais aussi par sa position, se trouvant au carrefour de l’est et du nord de la région.
Dans le même temps, plusieurs sources s’attendent à une contre-attaque imminente des Érythréens. Beaucoup de soldats fédéraux se sont repliés sur Mekele. Qu’il s’agisse d’un retrait stratégique ou d’une vraie défaite militaire, ces combats vont à l’encontre du discours gouvernemental, selon lequel la province est pacifiée. Lors du scrutin, le Premier ministre a nié la famine au Tigré et dit que le gouvernement pouvait régler les problèmes de la région. « C’est notre cadeau pour Abiy Ahmed au moment de son couronnement comme empereur nu d’Éthiopie », a commenté Getachu Reda.
Source: Rfi