Le Nigeria souhaite que les radios et télévisions du pays suppriment leurs comptes Twitter

SIPHIWE SIBEKO / REUTERS Le président nigérian, Muhammadu Buhari, à Pretoria (Afrique du Sud), le 3 octobre 2019.

Cette demande fait suite à la décision du gouvernement, vendredi, de suspendre Twitter après la suppression par le réseau social d’un tweet du président, Muhammadu Buhari.

Le Nigeria a demandé, lundi 7 juin, à tous les médias audiovisuels de suspendre immédiatement leur compte Twitter. « Nous conseillons à toutes les entreprises audiovisuelles de désinstaller leur compte Twitter, et de cesser d’utiliser Twitter pour rechercher des informations, ou des sources d’information », a déclaré le directeur de l’organe de régulation audiovisuelle, la National Broadcasting Commission (NBC), Armstrong Idachaba, dans un communiqué diffusé lundi matin. « Cela serait considéré comme antipatriotique pour quelconque média audiovisuel de continuer à soutenir Twitter », a-t-il assuré.

{source}
<blockquote class=”twitter-tweet”><p lang=”en” dir=”ltr”>Nigeria&#39;s National Broadcasting Commission (NBC) has ordered all radio stations and TV channels operating in Nigeria to deactivate their Twitter handles, and stop using Twitter. <a href=”https://t.co/pn8BEzOZpy”>pic.twitter.com/pn8BEzOZpy</a></p>&mdash; Africa Facts Zone (@AfricaFactsZone) <a href=”https://twitter.com/AfricaFactsZone/status/1401886482227417092?ref_src=twsrc%5Etfw”>June 7, 2021</a></blockquote> <script async src=”https://platform.twitter.com/widgets.js” charset=”utf-8″></script>
{/source}

Ce communiqué fait suite à l’annonce, vendredi, du ministère de l’information et de la culture de la suspension de Twitter pour une durée indéterminée. Cette décision est intervenue après la suppression, mercredi, par le réseau social d’un message du président Muhammadu Buhari, qui menaçait de « traiter avec un langage qu’ils comprennent » les responsables des violences actuelles dans le sud-est du Nigeria, attribuées par les autorités à des séparatistes igbos.

Le tweet avait été fortement décrié à travers le pays et le réseau social avait estimé que M. Buhari enfreignait ses règles d’utilisation en matière de conduite haineuse.

« Le bâillonnement de Twitter est surtout un moyen de bâillonner les médias »

L’Union européenne (UE), la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Canada ont déploré la suspension de Twitter dans un communiqué conjoint, samedi, et leurs ambassadeurs ont été reçus dans une réunion à huis clos lundi matin auprès du ministre des affaires étrangères, Geoffrey Onyeama. « Il était absolument important de prendre vos commentaires avec beaucoup de sérieux et de vous rencontrer, discuter et partager nos opinions, comme à notre habitude dans un climat amical », a déclaré le ministre en amont de la réunion.

{source}
<blockquote class=”twitter-tweet”><p lang=”und” dir=”ltr”><a href=”https://t.co/MfcaAWHHwX”>pic.twitter.com/MfcaAWHHwX</a></p>&mdash; EU in Nigeria ???? (@EUinNigeria) <a href=”https://twitter.com/EUinNigeria/status/1401281957804314630?ref_src=twsrc%5Etfw”>June 5, 2021</a></blockquote> <script async src=”https://platform.twitter.com/widgets.js” charset=”utf-8″></script>
{/source}

« Le bâillonnement de Twitter est surtout un moyen de bâillonner les médias », assure de son côté le responsable web d’une importante chaîne de télévision à l’Agence France-Presse (AFP). Il ajoute : « Nous devons réagir, car si nous ne réagissons pas à ça, ils peuvent encore aller plus loin. »

Les médias nigérians ont une très forte présence sur les réseaux sociaux, enregistrant des millions d’abonnés sur Twitter. Le réseau social est très populaire au Nigeria, où l’âge médian de la population est de 18 ans. Plus de 39 millions des quelque 200 millions de Nigérians ont un compte Twitter, selon un sondage.

La plate-forme joue un rôle important dans le débat public, avec des hashtags ayant eu un grand écho, comme #bringbackourgirls (« ramenez nos filles »), devenu viral lors de l’enlèvement de 276 écolières par le groupe djihadiste Boko Haram en 2014, ou #endsars (« mettez fin au SARS », acronyme d’une brigade de la police accusée de violences), qui a donné en 2020 son nom au vaste mouvement contre les brutalités policières et contre le pouvoir.

 Source:Le Monde