Les propos du président rwandais Paul Kagamé continuent de susciter l’émoi auprès des populations congolaises. Ce mardi 1 juin 2021, des organisations de la société civile ont organisé un sit-in devant l’Institut français de Bukavu puis devant le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu pour protester contre les propos de Paul Kagamé tenus à Paris le 18 mai 2021, niant devant deux médias français, l’implication des troupes rwandaises dans les crimes commis en République démocratique du Congo.
« ll n’y a pas eu de crimes. Absolument pas, que ce soit par les personnes évoquées ou les pays cités. C’est la théorie du double génocide qui est à l’œuvre ici« , a affirmé Paul Kagamé.
A Bukavu, lors de ce sit-in de protestation, plusieurs participants ont tenu à recadrer non seulement les propos du président rwandais Paul Kagamé mais aussi du journaliste français Patrick de Saint Exupéry qui rejette le contenu du rapport Mapping, établi par les experts des Nations Unies qui parlent des crimes contre l’humanité, dans son livre intitulé « La traversée, une odyssée au cœur de l’Afrique ».
Les femmes de différentes couches sociales n’ont pas hésité à exprimer leur désarroi « Nous, femmes du Sud-Kivu et de la République démocratique du Congo, nous ne pouvons pas accepter que l’on puisse cracher sur la mémoire de nos frères et sœurs d’autant plus que nous sommes passées par des moments difficiles de la vie à travers les guerres injustifiées en provenance des pays voisins en l’occurrence le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda. Plusieurs femmes et filles ont été violées, de nombreuses femmes sont restées veuves et beaucoup d’enfants sont devenus orphelins à causes des guerres perpétrées par nos voisins entre 1994 et 1996. Le président rwandais doit demander pardon au peuple congolais« . A dit Angélique Kasi Kalulu de la composante femme de la société civile du Sud-Kivu.
Lors de ce sit-in, les manifestants scandaient des messages tels que : « Pourquoi la RDC peut-elle être victime de son hospitalité ? » ; « Plaidant pour la paix, la justice et la vérité, pourquoi le prix Nobel Denis Mukwege et les activistes de droits de l’homme en RDC doivent-ils être menacés ? »…
« Les crimes commis en RDC ne doivent pas rester impunis« , tel est le message que scande Nabintu qui a perdu cinq membres de sa famille dans le village de Kaziba pendant les guerres perpétrées par des troupes étrangères en province du Sud-Kivu. Son seul souhait est de voir les autorités congolaises organiser une journée de deuil national pour qu’elle puisse pleurer ses morts à Kaziba.
Pour rappel, le 1er octobre 2010, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme avait rendu public son rapport mapping qui cartographie les crimes les plus graves commis en République démocratique du Congo entre mars 1993 et juin 2003. Il détaille 617 des incidents les plus graves survenus dans le pays, notamment de graves massacres, des cas de violence sexuelle et d’attaques contre des enfants, ainsi que d’autres exactions commises par une série d’acteurs armés, notamment des armées étrangères, des groupes rebelles et des forces du gouvernement congolais.
Source: La Libre