Montée de tension à la frontière entre le Tchad et la Centrafrique

Des militaires tchadiens à l'arrière d'un Land Cruiser à Koundoul, 25 km de Ndjamena, en janvier 2020. AFP - -

Des incidents à la frontière tchado-centrafricaine pourraient tourner à la crise diplomatique. Le ministre des Affaires étrangères du Tchad a publié, dans la nuit du dimanche 30 au lundi 31 mai 2021, un communiqué dans lequel il accuse les forces armées centrafricaines d’avoir attaqué de manière « préméditée et planifiée » un poste avancé de l’armée tchadienne.

Ndjamena parle d’un militaire tué et de cinq autres kidnappés qui ont été par la suite, selon les termes du communiqué, froidement exécutés en territoire centrafricain. À Bangui, la présidence centrafricaine vient de réagir, elle veut calmer le jeu et parle d’« incident malheureux ».

Tout est parti d’affrontements qui ont opposé dimanche matin les Faca, et leurs « alliés » russes, aux rebelles des 3R, près de la frontière entre les deux pays. Les rebelles centrafricains se sont ensuite repliés en territoire tchadien. Les forces armées centrafricaines et les paramilitaires russes se lancent alors à leur poursuite.

Des soldats tchadiens du poste avancé de Sourou se seraient interposés, expliquent des sources sécuritaires tchadiennes. Les Faca et leurs alliés russes, plus nombreux et mieux armés, prennent le dessus, un militaire tchadien est tué et cinq autres sont faits prisonniers, selon un bilan officiel. Un député centrafricain parle d’un paramilitaire russe tué et un autre blessé dans leur camp. Ces événements sont une première, car jusqu’ici c’est plutôt la Centrafrique qui accusait son puissant voisin d’incursion sur son territoire.

« Crime de guerre d’une gravité extrême »

La réaction tchadienne ne s’est donc pas fait attendre. Le chef de la diplomatie tchadienne Chérif Mahamat Zene accuse l’armée centrafricaine d’avoir exécuté froidement les cinq prisonniers. Il parle « de crime de guerre d’une gravité extrême » et d’une « attaque meurtrière préméditée et planifiée » (…) qui « ne sauraient rester impunis ».

Côté centrafricain, on tente désormais donc de calmer le jeu. Le porte-parole de la présidence Albert Yaloké Mokpemé avait regretté un peu plus tôt d’ « incident malheureux », le porte-parole du gouvernement vient de réagir à son tour. Ange-Maxime Kazagui parle d’échanges de tirs à la frontière des deux pays, qui ont « malheureusement provoqué des morts côté centrafricain et tchadien ». Il assure que son pays reste disposé à collaborer « avec le Tchad pour la sécurisation des frontières communes ».

C’est finalement un communiqué de la cheffe de la diplomatie de la RCA qui est venue clarifier la version centrafricaine, en totale contradiction avec celle du gouvernement tchadien. Sylvie Baïpo Temon assure que l’accrochage avec les rebelles de la CFC aurait eu lieu dans la localité centrafricaine de Mboum, à 400 mètres de la frontière commune. C’est la « cacophonie », orchestrée par ces rebelles centrafricains qui ont fui au Tchad, qui a « généré un malheureux malentendu » qui a fait des victimes des deux côtés, explique-t-elle, sans faire allusion aux cinq soldats qui auraient été enlevés et exécutés, selon Ndjamena.

Ce lundi soir, le Tchad a reçu le soutien de la France qui confirme sa version en condamnant « fermement l’attaque du poste avancé tchadien de Sourou, (…) dimanche et , qui a fait plusieurs victimes », selon le site officiel du Quai d’Orsay.

 Source: Rfi