Selon l’agence Reuters, des soldats auraient pénétré dans des camps de déplacés de Shire, dans l’ouest du Tigré. Ils auraient battu et dépouillé des civils avant d’emmener plusieurs centaines d’entre eux. Le conflit qui dure depuis novembre a fait des milliers de morts. Mais également des dégâts considérables. À Negash, la mosquée El Nejashi, un des plus importants sites musulmans d’Afrique, a été bombardée et pillée.
Un ancien prie aux côtés d’une des tombes de la mosquée. Au-dessus de sa tête, le dôme est en partie éventré, stigmate du passage d’un obus il y a six mois. L’imam, Cheikh Adam Mohammed, raconte.
« La veille il y avait eu des combats en ville et on s’était cachés au sous-sol. Puis le bâtiment a été bombardé. Trois obus ont touché la mosquée. Des soldats éthiopiens et érythréens sont ensuite arrivés. Ils ont tué trois personnes avant de tout piller. Nous avions un nouvel espace qui allait être inauguré. Ils ont volé les ustensiles de cuisine, les frigidaires, les fours, tout ce qu’ils pouvaient. Tout était neuf. On était impuissants. Vous savez bien ce qu’ils nous auraient fait si on avait tenté de les en empêcher. »
Negash est considéré comme le site musulman le plus ancien d’Afrique. La mosquée date du VIIe siècle. On dit que plusieurs compagnons de route du prophète Mahomet y sont enterrés après avoir fui les persécutions. Cheikh Zeinu Ismaël vient y prier depuis 40 ans.
« On a beaucoup pleuré en voyant la mosquée dans cet état. C’est un bâtiment sacré et c’est comme si tout le monde musulman avait lui aussi été touché. Ce n’est pas à moi de pardonner ou non. Si les gens sont bons, ils recevront de bonnes choses en échange. Ceux qui agissent mal, Dieu les jugera. Seules leurs actions pourront sauver ceux qui ont fait ça. »
Six mois après, la mosquée n’a pas été rénovée. Alors que le conflit s’enlise, ses responsables estiment qu’il faut d’abord attendre la paix avant de penser à reconstruire.
Source: Rfi