Le conflit dans le Nord du pays dure depuis novembre. Au bout de trois semaines, le pouvoir fédéral avait crié victoire, mais les combats continuent. Des leaders de l’ancien pouvoir du TPLF sont toujours en fuite et son bras armé, les TDF (Tigray Defense Forces), continuent d’affronter les forces fédérales éthiopiennes et érythréennes déployées au Tigré. Rencontre avec une cellule des TDF.
Ces combattants vivent parmi les habitants d’une zone reculée dans le centre du Tigré. Équipés d’AK47, les rebelles mènent une guerre asymétrique. Le chef de cette cellule, le colonel Mabratu, un militaire de carrière, est pourtant convaincu de l’emporter : « Même s’ils ont des tanks, nous sommes prêts à combattre à mains nues, parce qu’on se bat pour notre liberté. On lance des attaques de nuit. On tue des soldats, on vole leur matériel et on le réutilise contre eux. Pour communiquer, nous passons par la population, car cette guerre est aussi la sienne. »
« Plutôt que de rester chez soi et d’être massacré, il faut se battre »
Les rebelles déchargent de la nourriture et des vêtements donnés par la communauté. Selon les experts, la gravité des crimes a renforcé le sentiment d’injustice des Tigréens et entraîné un recrutement parmi les civils. Halami n’a jamais été soldat. « Mon père était diabétique. Les hôpitaux ont été détruits, il y a eu des pénuries de médicaments, et il est mort. Tout cela est planifié. Pour tuer les Tigréens. Donc beaucoup rejoignent la lutte aussi pour rester en vie. Et la vie ici est dure. Par exemple, je porte les mêmes sous-vêtements depuis cinq mois. »
Les TDF affirment que la résistance s’organise de mieux en mieux et même se renforce. Biniam, un ancien fonctionnaire de 37 ans, vient de prendre le maquis : « Des soldats fédéraux sont arrivés. Ils ont tué des enfants, des anciens, des mères. Ils ont rassemblé des habitants dans des maisons et ont mis le feu. Nous n’avons pas le choix. Plutôt que de rester chez soi et d’être massacré, il faut se battre. »
Selon plusieurs experts, la guerre pourrait encore durer des mois, voire des années et seul un dialogue pourrait mettre fin au conflit.
Source: Rfi