Élections en Centrafrique: l’opposition conteste la méthode de compilation des résultats

Dernière ligne droite en Centrafrique avant les résultats partiels des élections du 27 décembre. L’annonce est prévue lundi 4 janvier. Samedi soir, l’ANE, l’Autorité en charge des élections, assurait avoir reçu la quasi-totalité des plis de résultats et tout faire pour tenir le délai. Mais les travaux ont été ralentis, notamment parce qu’une part non négligeable des feuilles de résultats ont visiblement été mal remplies et sont rejetées par le système informatique de compilation. Conséquence : les commissaires de l’ANE, font des ajustements à la main. Une pratique que dénonce l’URCA, le parti de l’opposant Anicet-Georges Dologuélé. 

Au centre de traitement des données des élections, à Bangui, il y a une pièce dédiée à la correction des fiches de résultats, ces fiches où les responsables des bureaux de vote ont retranscrit après le dépouillement les chiffres clés du scrutin, issus des différents procès-verbaux. Théophile Mokoama, rapporteur général de l’Autorité en charge des élections, explique : 

« C’est, en général, le nombre de votants sur la liste d’émargement, le nombre de votants par dérogation pour la présidentielle, où il y a souvent quelques erreurs, et les bulletins nuls. L’environnement global, où les gens ont eu peur à la fin des opérations, a fait qu’il y a eu des erreurs de ce type-là. Mais ce sont des erreurs matérielles, que l’on est en train de corriger. »

C’est ainsi que sur une feuille de résultats, le nombre de votants constatés par émargement passe de zéro à 120. « Car c’est une incohérence. Il ne peut pas y avoir un bureau de vote où il y a eu vote et où personne n’a voté », reprend Théophile Mokoama. Une nouvelle feuille de résultats est remplie, « sur la base des éléments qui sont dans le procès-verbal de dépouillement, sans que ça ne touche aux résultats obtenus par les différents candidats ».

 Ce sont bien les procès-verbaux qui font foi, insiste le rapporteur général. Ces PV sont ensuite agrafés au dossier, pour « ne rien perdre en traçabilité ». Une pratique tout à fait légale, estime le rapporteur. Mais ces arguments ne convainquent pas Wilfriedo Mesheba, porte-parole de l’opposant Anicet Georges Dologuélé :

« Ça pose un problème puisque, pour faire simple, c’est une façon de contourner les mesures anti-fraudes mises en place pour le contrôle de la validité des résultats qui sont prévues par les serveurs. Et nous sommes en attente d’explications crédibles : en quoi ça correspond à des dispositions du code électoral ? »

En réponse, l’ANE invite les acteurs politiques à lui « faire confiance » et rappelle que les observateurs de tous les partis sont les bienvenus à toutes les étapes de la compilation.

  Source: Rfi