Une importante répression a ciblé les participants aux marches de protestation qui ont eu lieu vendredi 14 mai, au deuxième jour de l’Aïd el-Fitr, la fête de la fin du ramadan.
A moins d’un mois des élections législatives contestées du 12 juin, les services de police ont arrêté des centaines de manifestants du Hirak, le mouvement de contestation qui secoue l’Algérie depuis plus de deux ans. Au moins quarante-six personnes, dans six wilayas (préfectures), ont été placées sous mandat de dépôt durant le week-end, indique le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une organisation qui recense le nombre de détenus d’opinion.
Lors de la 117e marche du Hirak, vendredi 14 mai, la police a procédé à des interpellations sur la rue Didouche-Mourad, épicentre de la contestation à Alger, ainsi que dans le quartier populaire de Bab-El-Oued, d’où part habituellement un important cortège à destination du centre-ville. Des groupes de manifestants y ont été pris en étau puis brutalisés par la police.
Des journalistes et des photographes ont été interpellés et retenus dans les commissariats durant plusieurs heures, les empêchant ainsi de couvrir la manifestation. Kenza Khatto, journaliste pour Radio M, média privé qui fait régulièrement intervenir des personnalités de l’opposition, a été maintenue en garde à vue et sera présentée devant le procureur mardi 18 mai. Cette dernière a été interrogée sur sa couverture du Hirak et obligée de signer un procès-verbal sans pouvoir le lire, ses lunettes ayant été cassées lors de son interp, rapporte son avocate Zoubida Assoul.
Tension montée d’un cran
Ces dernières semaines, la tension est montée d’un cran. Vendredi 7 mai, les protestataires avaient pris de court les services de police en modifiant le trajet de la marche, ce à quoi le ministère de l’intérieur a répondu en obligeant les organisateurs des marches du Hirak à « déclarer » au préalable les manifestations auprès des autorités. Une manière de les interdire, dénonce plusieurs voix qui rappellent que le mouvement de protestation n’a ni structure, ni leader.
Etudiants, avocats, membres de partis politiques, journalistes… Tous ont fait les frais de cette vague de répression qui a provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Mohcine Belabbas, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), a également été interpellé vendredi alors qu’il se trouvait dans le centre de la capitale avant d’être libéré en début de soirée.
Athman Mazouz, secrétaire national à la communication de ce parti d’opposition, arrêté alors qu’il se trouvait en sa compagnie, a été interrogé sur les « relations présumées entre le Rassemblement pour la culture et la démocratie et les grandes puissances étrangères et organisations internationales. (…) Ce sont des pratiques courantes de la police politique que le RCD dénonce », écrit le président du parti dans une déclaration publiée sur ses réseaux sociaux.
Source: Le Monde