Prévue par l’accord d’Alger, la réforme territoriale, censée mettre en œuvre de nouvelles régions pour rapprocher l’administration et les services de base des citoyens, provoque de fortes tensions dans des localités qui s’estiment ignorées. D’autant que, derrière les enjeux territoriaux pointent les questions électorales.
La commune de Markala, à 35 km de la ville de Ségou irriguée par le Niger, s’est réveillée dans un climat de tension lundi 3 mai. La veille, acteurs politiques, jeunes et représentants de la société civile avaient décidé d’entrer « en désobéissance civile » et de bloquer les deux ponts permettant d’accéder à la ville. Leur manifestation a été sévèrement réprimée par les forces de l’ordre venues de Ségou, faisant deux blessés graves.
Selon le maire, Adama Siby, les manifestants ont dressé des barricades pour protester contre la « non-invitation de Markala », par l’administration centrale, aux travaux de restitution sur la réforme territoriale et la décision de ne pas ériger la commune en cercle. Sous-division d’une région, cette entité est considérée comme une circonscription pour l’élection de députés.
Neuf régions à mettre en place
Prévue par l’Accord d’Alger (officiellement dénommé Accord pour la paix et la réconciliation (APR), signé en 2015 à Bamako) entre le gouvernement malien et les groupes armés du Nord, la reforme territoriale a provoqué une vague de colère dans certaines localités. Le processus, amorcé en 2012, prévoyait de créer onze nouvelles régions, en plus des huit déjà existantes.
Neuf ans plus tard, seules deux nouvelles sont opérationnelles : celles de Ménaka et de Taoudénit. En 2018, les discussions se sont poursuivies lors des concertations régionales pour rendre les neuf autres effectives : Kita et Nioro du Sahel (détachées de Kayes), Dioïla et Nara (détachées de Koulikoro), Bougouni et Koutiala (détachées de Sikasso), Bandiagara et Douentza (détachées de Mopti), et San (détachée de Ségou).