Les tensions politiques enflent depuis la fin du mandat du président somalien. Mohamed Abdullahi Mohamed, mis sous pression par ses alliés, a appelé à la tenue d’élections à l’issue de la journée de mardi 27 avril, qui avait vu des habitants de Mogadiscio quitter leurs quartiers, craignant de nouveaux affrontements armés.
Le dirigeant, connu sous le surnom de « Farmajo », qui s’adressera au Parlement samedi afin d’« obtenir son approbation pour le processus électoral », a appelé les acteurs politiques à tenir des « discussions urgentes » sur la manière de conduire le vote, lors d’une allocution diffusée sur les médias d’Etat à 1 heure, heure locale (minuit en France).
Tension dans la capitale
La tension était vive mardi dans la capitale, deux jours après des échanges de tirs entre forces gouvernementales et pro-opposition, lesquels ont fait trois morts. Dans plusieurs quartiers, des habitants quittaient leur maison, entassant leurs affaires sur des charrettes tirées par des ânes, ou fuyant en minibus ou en tuk-tuk.
De telles violences à caractère politique n’ont plus été observées depuis plusieurs années en Somalie, pays à l’équilibre précaire, déjà confronté à la rébellion islamiste des Chabab, affiliés à Al-Qaida. Elles ont ravivé le spectre des combats urbains entre factions claniques rivales qui ont ravagé Mogadiscio au plus fort de la guerre civile.
Le mandat du président Farmajo a expiré le 8 février sans que des élections aient pu être organisées. Le 12 avril, le Parlement a voté une loi prolongeant son mandat de deux ans, dans l’attente de l’organisation d’un scrutin, provoquant la fureur de l’opposition.
L’impasse électorale s’est transformée en affrontements armés dimanche soir, alors que des combattants alliés à l’opposition installaient des barrages dans plusieurs quartiers de Mogadiscio. Mardi, deux des cinq Etats semi-autonomes qui composent le pays, ceux de Galmudug et de Hirshabelle, ont officiellement rejeté la prolongation du mandat présidentiel et appelé à la tenue d’élections.
Soutien du premier ministre
Allié de Farmajo, le premier ministre, Mohamed Hussein Roble, a salué cette déclaration et appelé à « l’accélération d’élections justes et libres ». Il a également appelé les commandants militaires à « ramener leurs forces à leur base » et exhorté les leaders de l’opposition à « arrêter les actes et mouvements qui peuvent générer un conflit violent ».
Dans son discours, Farmajo a assuré que ses partisans et lui avaient « toujours été prêts à organiser des élections pacifiques et au moment approprié dans le pays », mais que « malheureusement, [leurs] initiatives ont été entravées par des individus et par des entités étrangères qui n’ont d’autre but que de déstabiliser le pays et de le ramener à l’ère de la division et de la destruction afin de créer un vide constitutionnel ».
Dans un communiqué mardi, la mission de l’ONU en Somalie (Unsom) s’est dite « particulièrement alarmée par la fragmentation émergente de l’armée nationale somalienne [SNA] selon des lignes claniques ». « Le recours aux forces de sécurité pour la poursuite d’objectifs politiques est inacceptable. »
Lundi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait « exhorté toutes les parties prenantes somaliennes à reprendre des négociations immédiatement » afin de sortir de la crise. Les Etats-Unis, allié-clé du pouvoir somalien, ont également exprimé leur inquiétude, disant « envisager tous les instruments disponibles, y compris les sanctions ».
Source: Le Monde