Depuis bientôt deux mois, des artistes occupent le National Arts Council à Johannesburg. Cette institution devait distribuer 17 millions d’euros, via un fonds présidentiel de soutien à l’emploi, mais tous les demandeurs n’ont pas pu en profiter. Sous l’impulsion de la chanteuse d’opéra Sibongile Mngoma, des artistes ont pris possession du bâtiment début mars pour exiger de la transparence sur la répartition des fonds et pour dénoncer le désintérêt du gouvernement envers la culture. Une vingtaine d’artistes y résident désormais.
Au troisième étage, la salle de réunion a été transformée en dortoir. Les artistes continuent tout de même de s’y rassembler en chanson pour motiver les troupes. Tout a commencé dans cette pièce, le jour où ils ont posé cette question : « Où est l’argent ? Et personne n’a été capable de nous répondre. »
Mercy Makela, pop star sud-africaine des années 1980 résume la situation. « Ils n’ont pas payé la totalité des gens qui devaient l’être. Nous sommes toujours sous un régime de confinement et il y a des artistes qui n’ont pas reçu d’argent depuis un an. Comment est-ce que le gouvernement espère que les artistes survivent ? »
Face au scandale, la direction du National Arts Council a été suspendue et le ministre de la Culture a reconnu une mauvaise gestion de l’argent. Dans une chanson, les artistes demandent sa démission.
Nathi Mthethwa est en charge de la Culture, des Arts et du Sport. Un mélange des portefeuilles ministériel, qui illustre le désintérêt du gouvernement, selon Savage Tau, le producteur de la chanson. « Quand ils sont venus ici on leur a demandé pourquoi ils avaient mélangé toutes ces missions. Ils n’en savent rien. Ils ne savent même pas pourquoi on est ici. On est face à des gens qui ne savent même pas ce qu’ils font. »
Aujourd’hui, les artistes sont menacés d’expulsion après le jugement rendu par une cour de justice. D’ici là ils continueront de peindre, de composer et de s’entraider.
Source: Rfi