La nouvelle présidente de Tanzanie Samia Suluhu Hassan a estimé mardi qu’il n’était « pas bon » d’ignorer la pandémie de coronavirus, laissant entrevoir un changement d’attitude par rapport à son prédécesseur qui en avait minimisé la gravité.
La présidente a ajouté qu’elle allait créer un comité d’experts pour conseiller le gouvernement, chargé de faire la synthèse des connaissances mondiales sur le virus et de faire des recommandations.
« Il n’est pas bon de l’ignorer (le Covid-19). Nous ne pouvons le rejeter ou l’accepter sans les conclusions de la recherche » scientifique, a-t-elle déclaré lors d’une cérémonie d’investiture de nouveaux membres du gouvernement à Dar es Salaam, la capitale économique.
Les experts « nous en diront plus sur la pandémie et nous conseilleront sur ce que le (reste du) monde propose. Nous ne pouvons pas tout accepter les yeux fermés, mais nous ne pouvons pas non plus nous isoler comme si nous étions une île tandis que le monde avance dans une toute autre direction. »
Mme Hassan est devenue la première présidente de la Tanzanie courant mars à la suite du décès soudain du président John Magufuli à l’âge de 61 ans.
Président depuis 2015, M. Magufuli est officiellement mort le 18 mars de problèmes cardiaques, selon les autorités tanzaniennes. Mais son principal opposant affirme que le dirigeant, qui n’a cessé de minimiser l’impact du coronavirus et refusé de prendre des mesures pour endiguer la pandémie, est mort du Covid-19.
Par ailleurs, la présidente, 61 ans, a ordonné la réouverture de médias interdits par son prédécesseur, dont l’administration a été régulièrement montrée du doigt pour limiter les libertés fondamentales.
Refusant l’idée que le gouvernement de Tanzanie puisse être critiqué pour « supprimer la liberté de la presse », la présidente a ajouté: « Nos textes de loi devraient être clairs sur les délits et leur punition. Nous ne devrions pas recourir à la force pour fermer des médias ».
La présidente n’a pas mentionné de média en particulier mais la mesure pourrait concerner le journal Daima, interdit de publication en 2020 ou encore les chaînes de télévision Wasafi TV et Kwanza TV.
La Tanzanie, longtemps perçue comme un havre de stabilité dans une région troublée, a vu son image écornée au fur et à mesure que le président Magufuli a développé un style de gouvernance autoritaire et solitaire.
M. Magufuli avait été réélu haut la main en octobre pour un second mandat, à l’issue d’un scrutin qualifié de farce par l’opposition et que la plupart des médias étrangers n’ont pas été autorisés à couvrir.
Source: La Minute Info