Législatives en Côte d’Ivoire: le pays suspendu à la proclamation des résultats

© RFI/Paulina Zidi Des Ivoiriens à Abidjan devant une affiche de la Commission électorale indépendante (CEI) à la veille des élections législatives, le 5 mars 2021.

En Côte d’Ivoire, on attend toujours la proclamation totale des résultats des législatives du samedi 6 mars. La Commission électorale indépendante (CEI) égrène les résultats depuis le soir du scrutin, elle doit normalement reprendre le décompte ce lundi après-midi. Depuis dimanche soir, on connaît déjà les scores d’une bonne partie du territoire.

148 circonscriptions sur 205 ont été proclamées. Mis à part l’élection des poids lourds du RHDP comme Patrick Achi à Adzopé, Hamed Bakayoko réélu à Séguéla malgré son absence pour raison de santé et dont l’hospitalisation en Europe a été prolongée, ou encore Adama Bictogo à Agboville, le parti au pouvoir voit une vingtaine de ministres ou de proches collaborateurs d’Alassane Ouattara élus dans leurs circonscriptions respectives. Il emporte aussi, pour l’instant, plusieurs communes d’Abidjan.

En attente des résultats de Bouaké et Yopougon

Fait notable, le RHDP est déclaré vainqueur à Yamoussoukro, considéré jusqu’à présent comme un fief du PDCI. Le RHDP l’emporte aussi à Grand-Bassam.

Pour le PDCI, le numéro 2 du parti, Maurice Kakou Guikahué, conserve son siège à Gagnoa. Jean-Louis Billon, est élu à Dabakala. Véronique Aka est réélue à M’batto. Le PDCI qui conserve Daoukro. Venance Konan échoue à apporter la ville natale d’Henri Konan Bedié au RHDP.

Des hommes de l’ex-président Laurent Gbagbo font leur entrée au Parlement : à Guiglo sous-préfecture pour son ancien ministre, Hubert Oulaye et à Guiglo commue pour Émile Guiriéoulou. En revanche, Lida Kousassi est largement battu par le RHDP à Lakota.

Albert Mabri Toikeusse de l’UDPCI est réélu, lui, à Zouan-Hounien. Ce lundi, il reste encore une soixantaine de circonscriptions à proclamer dont Yopougon et Port-Bouët à Abidjan qui suscitent des contestations.

Alors que la CEI a repris son décompte, on attend maintenant les résultats des communes d’Abobo et de Bouaké notamment, ainsi que des communes de Yopougon, la plus grande commune du pays avec six sièges à pourvoir.

Des contestations dès dimanche

Dès dimanche, le PDCI dénonçait « des résultats provisoires émaillés de tricheries, de tripatouillages, de manipulations » dans plusieurs circonscriptions importantes, dont Yopougon ou Port-Bouët. L’ancien parti unique conteste aussi les résultats à Yamoussoukro ou encore Agboville où c’est le directeur exécutif du RHDP, Adama Bictogo, qui a été élu. Pour le PDCI, l’opposition remporte la victoire.

De son côté, le parti au pouvoir, le RHDP estime que la victoire lui revient. « Il faut qu’ils acceptent qu’ils ont été battus et qu’ils ne sont pas à la hauteur des attentes des Ivoiriens », déclarait dimanche Adama Bictogo.

Le président de la CEI, Ibrahime Kuibiert Coulibaly rappelait pour sa part, hier soir, que ces résultats étaient provisoires, qu’ils pouvaient faire l’objet de recours légaux devant la CEI ou le Conseil constitutionnel. Mais il mettait aussi en garde les partis politiques ou les candidats en martelant que seule la commission électorale était habilitée à proclamer des résultats. Et que ceux qui le faisaient s’exposaient à des poursuites judiciaires, surtout en cas de troubles à l’ordre public.

Le point des missions d’observation

Les missions d’observation des élections législatives ivoiriennes présentent à tour de rôle leurs conclusions. Elles saluent l’inclusivité et l’apaisement qui a accompagné la campagne électorale et le scrutin et souligné que les incidents ont été rares et localisés.

Denis Kadima a dirigé la mission d’observation du centre Carter, qui avait déployé une cinquantaine de personne dans des circonscriptions. Il appelle les partis politiques à se concentrer sur les voies légales pour d’éventuelles contestations.

Tant que c’est juste des déclarations, que ce n’est pas des actes de violences, [les partis ndlr] peuvent déjà faire des déclarations à ce stade. Évidemment avec des preuves qu’il y a des incorrections, des imperfections, ils peuvent aller en justice.

  Source: Rfi