Les évêques catholiques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) se montrent encore critiques du pouvoir, et ce même après la reconfiguration politique en cours et l’éviction des pro-Kabila de la tête des institutions politiques. Dans leur premier message de l’année, lundi, les prélats ont salué l’avènement de nouvelles autorités, même si le processus de cette configuration est émaillé de soupçons de corruption des élus et d’accusations des violations des textes réglementaires.
Les évêques ont toujours suivi la situation politique de près en RDC, un pays à prédominance chrétienne. Ils dénonçaient déjà « l’inefficacité » de la coalition entre Félix Tshisekedi (Cach) et Joseph Kabila (FCC). En ce début de semaine, dans leur message délivré par leur porte-parole, l’abbé Donatien N’shole, ils sont restés sur leurs gardes.
« Ces changements ont été opérés dans une atmosphère de tension et de manière à se poser des questions sur la moralité de ces actes. L’adhésion massive à l’Union sacrée de la nation ne doit pas être motivée seulement par le positionnement politique. ».
Alors que le Premier ministre Jean–Michel Sama Lukonde poursuit ses consultations pour former le premier gouvernement post-Kabila, les évêques sont catégoriques sur les critères de sélection et s’adressent au président Tshisekedi.
« Seuls les hommes et les femmes qui ont fait preuve d’une bonne éthique dans leur passé et qui ont une expérience dans le domaine requis, soucieux du bien-être de la population, méritent d’être cooptés pour gérer les institutions de l’Etat et les entreprises publiques. Le peuple sera frustré de voir revenir au pouvoir ceux qui ont participé au pillage, à l’insécurité, à la violation des droits humains ».
Au prochain gouvernement, ils demandent de « tout mettre en œuvre pour gagner le pari de l’organisation des élections crédibles, transparentes et apaisées en 2023 ».
« Pas plus tard », insistent-ils. Mais bien avant, ils demandent d’accélérer la procédure pour « les reformes électorales et celles de la loi portant organisation et fonctionnement de la Céni [Ndlr : Commission électorale nationale Indépendante] en vue d’améliorer la gouvernance électorale ».
Les prélats ont regretté que le souci de la justice qui s’est manifesté au procès sur le programme de 100 jours – marqué par des condamnations dont celle de Vital Kamerhe, ancien directeur de cabinet du président Felix Tshisekedi – ne semble plus continuer sur la même lancée. « Il s’est estompé et parait sélectif », notent–ils.
Les évêques se sont également penchés sur les violences des groupes armés qui déciment des vies dans l’est du pays et se sont dit « profondément peinés par les informations reçues et l’écart entre les promesses faites et la réalité sur terrain ».
Source: Rfi